Un retour réussi de Borat dans les années 2020

Il y a des choses à dire.


Déjà, forcément, il y a l'effet de surprise en moins. L'histoire est davantage "scénarisée", peut-être un poil trop à mon goût.


Toutefois ça permet de se concentrer plus longuement sur des inconnus, et si le film dresse un portrait satirique parfois "facile", ça ne l'empêche pas de les aborder avec une forme de sincérité, presque bienveillance (pas tous bien entendu, en particulier les politiciens).


Les deux far right par exemple, qui sont parmi les pires crapules au niveau des idées sont finalement relativement sympas vis-à-vis de leur improbable hôte.


Je vois un film qui tente de soulever d'un coup toutes les facettes principales ou presque des USA actuelles, tantôt férocement opposées, tantôt plus floues, emmêlées, qu'on ne le pense ou l'accepte.


Ça en fait un trip un peu plus indigeste, d'autant que c'est guidé par un "scénario" qui rend le tout un peu moins fascinant à découvrir, plus compliqué à imaginer comme un véritable documentaire lorsque le premier jouait beaucoup sur cette carte et en avait fait sa force. Ici c'est littéralement devenu meta. Ça n'est pas une mauvaise chose, mais ça n'est plus pareil.


Le film et ses deux protagonistes parviennent à s'imposer dans la vie de quelques élus politiciens relativement importants, tout en dépeignant en parallèle des individus lambdas qui si ils peuvent violemment s'opposer sur les idées, demeurent en fin de compte pas bien méchants, voire le contraire - sauf les politiciens, en particulier le dernier.


C'est un p*tain de vicelard. J'veux dire bien entendu qu'elle joue de sorte à lui montrer que c'est ce qu'elle attend de lui, mais c'est ce qui rend la chose encore plus glauque et effrayante ; ce type agit avec une telle habitude, une telle nonchalance, un tel automatisme... Il joue son perso de papy politicien en début d'interview puis il suffit de deux-trois actions et phrases de l'actrice en quinze secondes pour que tout parte en éclat et que l'on devine immédiatement la tournure que devrait prendre la chose. Mais c'est suffisamment rythmé pour qu'on en oublie presque la raison, avant un retour quelque peu abrupt puis finalement le switch dans la chambre où là, c'est le clou du spectacle. .


Aussi le twist m'a surpris.


C'était facile à imaginer mais pour une raison qui m'échappe pas un seul instant ça ne m'a pas traversé l'esprit !


Donc voilà, c'était un peu plus lourd, mais plus ambitieux. Le film est parvenu à me faire rire à plusieurs reprises par l'absurdité des situations ou la bêtise de la population, mais aussi à souligner ces fameuses facettes, avec plus ou moins de réussite.


Je pense qu'il faut que je le revois à l'occasion, mais il encapsule relativement bien et à sa façon une partie de la face visible des USA de 2020.


Ça n'est pas une suite inutile et c'est une satire ma foi réussie, à défaut d'être spécialement subtile, même si ça n'a jamais été le fort de SBC.

Chernobill
7
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le 23 oct. 2020

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Chernobill

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