Sacha Baron Cohen n'est pas à la réalisation de Borat, mais Larry Charles ; m'enfin à mon avis, c'est quand même l'humoriste qui tire les ficelles et l'autre qui se contente de tenir la caméra. Et si je me plante, bah z'avez qu'à m'envoyer me faire voir chez les kazakhs...


Ô Kazakhstan ! Ô douce république totalitaire d'ex-URSS un poil (et il en sera beaucoup question de poils) écorchée par le reporter éponyme, à la moustache fournie et au sourire forcé, nous présentant fièrement son village et sa famille, avant de partir débonnaire étudier la culture américaine "au profit glorieuse nation", accompagné de son bedonnant producteur. Borat nous caricature certes un pays arriéré, tant du point de vue moral et culturel qu'économique et vestimentaire (à l'image d'un "string de bain épaules" devenu culte), mais je vous assure que c'est pour la bonne cause. Faut pas tout prendre au premier degré, hein. Surtout qu'on verra par la suite que les USA s'en prennent encore plus dans la tronche, et pas besoin de parodier pour ça...


Enfin je crois, parce que certaines scènes semblent tellement énormes qu'on se demande parfois si ce faux road trip improvisé s'avère totalement réalisé en caméra cachée et sans acteurs - ou un truc dans le genre. Mais j'y reviendrai un peu plus loin... En attendant, le reporter kazakh arrive à New-York avec les meilleures intentions du monde : il embrasse allègrement ses hôtes, fait part de son humour bon-vivant à une sorte de spécialiste tristoune du rire à l'américaine, comme à un groupe de féministes. Jusqu'à la révélation Pamela. La blonde Pamela, virginale et pure. Bref, le coup de foudre. Le grand amour qui vous ferait vous envoler jusqu'à l'autre bout du continent. La Californie. D'ailleurs, pour en revenir au début du paragraphe, j'ai vraiment du mal à croire que l'hilarante scène du sac de mariage soit véridique. Si elle l'est, franchement, c'est un petit miracle ! Grand succès ! ^^


Par contre, la séquence du rodéo, à l'instar de celle des trois étudiants, pleine de beaufs racistes et homophobes, permet à l'humoriste d'arriver pleinement à ses fins en montrant à quel point l'Amérique de G.W.Bush (époque du film) ne vaut guère mieux niveau culturel que le pays totalitaire dont il s'amuse à jouer le représentant. L'aspect religieux sera d'ailleurs largement traité, Sacha Baron Cohen s'amusant de l'antisémitisme primaire de son personnage avec réussite, comme des fanatiques évangélistes, cette fois-ci plus flippants qu'autre chose. En revanche, l'ours, peu crédible, ou le combat porno-gay, m'ont laissé particulièrement circonspect. Un bon résumé de cette comédie pourrait d'ailleurs résider dans la séquence d'apprentissage des bonnes manières : souvent drôle, mais le côté scato et certaines exagérations gâchent le tout.


En gros, Borat c'est pas fin et inégal, mais ça se mate bien. Tandis que la promesse d'un film relativement trash et vulgaire n'oubliant pas sa visée documentaire socio-politique s'avère parfaitement remplie. A condition évidemment de le prendre au bon degré et de bien voir que le postulat de départ kazakh sert en grande partie de révélateur aux turpitudes de la société américaine, et à l'arrivée de surligner la versatilité des croyances religieuses... avec grand succès !


6,5/10

RimbaudWarrior
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le 26 juil. 2016

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RimbaudWarrior

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D'autres avis sur Borat : Leçons culturelles sur l'Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan

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