J'adore les films inclassables.
Borderline fait partie de ce genre de film qui évolue tout au long du scénario. Dont on ne sait plus si c'est une chronique sociale ou une oeuvre qui s'oriente vers le fantastique et l'étrange.
Je ne connaissais rien de l'histoire et je suis tombé sur le film par hasard.
Mais quelle claque!
Son originalité et le jeu des acteurs sont de vraies réussites.
L'apparition du visage de l'héroïne, Tina, que l'on pourrait croire sortie de "La guerre du feu" mélangé avec une trisomie 21, donne tout de suite le ton. On sera un peu mal à l'aise, entre deux eaux, pour comprendre les rapports qui s'établissent entre elle et les autres et sur celui son quasi "charnel" qu'elle entretient avec la nature et les animaux.
L'idée formidable qui sert de départ à l'histoire, c'est de nous présenter son métier de douanière qui repose sur son "don" pour sentir, au sens propre, la nature humaine (culpabilité, mensonge, honte...). On voit donc son quotidien entre son travail ou elle observe et renifle des passagers qui arrivent en transit et sa vie "familiale" basée sur un rapport bancal avec son compagnon.
Le film quitte assez vite cet aspect chronique quand elle rencontre un "congénère", au physique similaire au sien. On bascule alors dans un tout autre registre ou le "fantastique" prédomine. On ne va spoiler les événements mais rare sont les longs métrages, qui font le choix de "montrer" aussi cruement les relations "humaines".
On pourrait se croire dans un conte, mais qui n'a rien du côté "merveilleux" d'Andersen mais se rapprocherait plus de Poe et de ses monstres cachés. L'histoire devient plutôt cauchemardesque. La découverte de son "origine" et de son "genre" est un choix artistique qui fait sortir le film de tous les sentiers battus. Et plus le scénario se déroule et plus on avance dans l'étrange avec un côté "malsain" qui est assez fascinant.
Au final, Border reste une oeuvre iconoclaste, porté par une volonté de raconter une histoire incroyable et à l'imaginaire débridé.
A voir absolument.