Quand les bouseux américains épatent les snob
En regardant ce film, je n'ai pu m'empêcher de penser à la bande dessinée 'les ignorants'. Je n'avais pas aimé cette BD. Ce film, par contre, je l'ai aimé. Certainement plus classique dans son genre que ne l'est 'Les ignorants' par rapport à son médium. Ce qui m'a plu, c'est qu'il y a une histoire au delà de l'aspect oenologique, ce qui manquait cruellement à l'album trop automasturbatoire à mon goût. Dans'Bottle Shock', le réalisateur se montre moins technique et privilégie les personnages, leurs interactions, leur histoire.
C'est vrai que c'est un peu dommage que le film fasse l'impasse sur le côté documentaire. Parfois on sent bien que l'auteur s'est documenté, mais se trouve limité dans ses explications parce qu'une histoire ça prend du temps à être développé. Ceci dit, Randall Miller arrive très bien à nous faire comprendre le fonctionnement de la distillerie.
Si le film bénéficie d'un histoire plus dense, elle en souffre aussi. Enfait, le souci, c'est qu'il y a deux histoires qui nous sont racontées, et non pas une. Deux histoires dont chacune aurait très bien pu faire l'objet d'un film en soi.
Premier film: le point de vue des américains. Deuxième film : le point de vue de l'anglais. Dans Bottle Shock, les deux points de vue se chevauchent et créent un problème de rythme dû à une rupture d'identification lors du passage de l'un à l'autre. La conséquence, c'est qu'à chaque fois qu'on passe à une autre histoire on se dit 'merde ça devenait intéressant', et ce dans les deux sens.
Autre bémol: l'histoire d'amour. Elle est franchement inutile et superficielle, à se demander pourquoi le scénariste s'en encombre. Pour attirer un public plus jeune peut être? Toujours est il qu'une solution, afin de conserver le personnage féminin qui ne sert à rien au delà de cette romance, aurait été de fusionner ce personnage avec celui de meilleur ami interprété par Freddy Rodriguez. Pour le reste, le film m'a franchement plu ; les personnages principaux sont sympas et les dialogues font mouche.
Côté mise en scène, y a de chouettes plans, un chouette découpage mais... on ne ressent absolument pas les années 70 ni même le fait qu'une partie se déroule à Paris. Probablement le budget ne permettait il pas une telle immersion, d'ailleurs la perruque de Chris Pine est à peine crédible... Je reproche aussi un mauvais casting : j'aime bien Freddy et Chris, et même la petite blondinette est mignonne... mais ils ne sont absolument pas crédibles en oenologue ni même en hippie (pour Chris). En revanche, les acteurs senior tiennent parfaitement la route. En plus j'aime beaucoup Alan Rickman et Bill Pullman alors j'étais plutôt ravi. Il y a aussi des acteurs français, des vrais, pour interprêter des français, et ça fait du bien aux oreilles. Enfin, la BO est sympathique, c'est d'ailleurs le seul élément rappelant les années 70.
Bref, Bottle Shock est un film indie comme bien d'autres dans sa construction : beaucoup de personnages, un peu d'excentricité, et un message du genre 'il faut grandir et s'accepter tel qu'on est'. Néanmoins Randall Miller joue la carte de l'orignalité en déroulant l'action chez les viticulteurs. Au final, Bottle Shock fonctionne, mais souffre d'un trop grands nombre de personnages et de trop d'histoires principales en même temps.