Quand déboulent les débiles.Années 70,une petite famille de français moyens.Papa est dessinateur industriel,maman est prof de piano,et ils adoptent un cocker,qu'ils appelleront Bill et non Joe,pour faire plaisir à leur fils,qui est gras,c'est pour ça qu'on le nomme Boule,et con.Mal leur en prend car le clébard va multiplier les conneries et faire de leur vie un calvaire,entraînant par la même occasion dans ses délires le gamin qui n'est déjà pas une flèche.Ah,les seventies!Mais si,rappelez-vous,cette époque d'obscurantisme ancestral,quand ces salauds d'hommes machos croyaient encore qu'ils devaient travailler et s'élever socialement pour nourrir leur famille,qu'ils trouvaient normal que les femmes tiennent la maison et s'occupent des enfants,qu'ils pensaient que les gosses et les animaux devaient observer une certaine discipline et qu'on devait respecter tout le monde,y compris les enseignants.Quelle époque de merde,quand on y pense!Heureusement,tout cela est maintenant fini,ouf!Il est comme ça,le papa de Boule,au début du film,autoritaire,réac et borné.Mais il préfigure l'homme moderne et va peu à peu aller vers la lumière progressiste en arborant le sourire béat du converti éclairé par la grâce.Harcelé par sa connasse d'épouse shootée au féminisme à la mode et par son crétin de fils rebelle à la mie de pain,il va céder sur tous les points et abandonner tous les travers qui l'empêchaient de devenir l'homme nouveau qui sommeillait en lui.Adieu mentalité provinciale arriérée,adieu boulot stressant,adieu autorité conjugale et parentale,bonjour dessinateur de crobards et de clébards!Car oui,ce type c'est Roba en personne,le créateur de la BD "Boule et Bill",le film étant en quelque sorte sa biographie espérons-le romancée.Le cinéma français s'acharne depuis quelques temps à adapter en live des bandes dessinées,avec des résultats souvent décevants,et on est obligé de descendre toujours plus bas pour faire du neuf,car les principales franchises ont déjà été exploitées.Tintin,Astérix,Lucky Luke,Michel Vaillant,Iznogoud,Le Marsupilami,Le petit Nicolas,Ducobu et bien d'autres,c'est fait.Gaston Lagaffe,Spirou,Valérian,c'est prévu.Bob Morane,on aimerait bien,mais c'est compliqué.Alors,on se rabat sur ce qui reste,en l'occurrence ici cette gentillette et sympathique création de Roba,qui passait plutôt bien sur papier mais ne se prêtait guère au grand écran.Boule et Bill,ce sont des historiettes déclinées sur une seule page,indépendantes les unes des autres en dehors du fait qu'elles présentent les mêmes personnages.Le film tente maladroitement de les raccorder entre elles,mais il n'en résulte qu'un scénario décousu plombé par les temps morts faute de lignes de force dans l'histoire.C'est d'une niaiserie abominable,d'une mièvrerie à se pendre,et ça n'a absolument aucun intérêt.Cette supposée comédie est totalement ratée,avec des gags accablants qui tombent régulièrement à plat et une complète absence de rythme.Les deux réalisateurs,Franck Magnier et le bien nommé Alexandre Charlot,parviennent même à foirer leur reconstitution d'époque,croyant s'en tirer avec une deux pattes et quelques vieux tubes.Les chansons sont d'ailleurs clairement utilisées pour remplir le vide d'un métrage qui a beaucoup de mal à atteindre sa durée avec le peu qu'il propose.Tout comme les atterrantes scènes avec les réflexions du chien et de la tortue en voix off.Celui qui n'a pas vu et entendu ça ne peut pas savoir ce qu'est le comble de la misère dans l'écriture de dialogues,c'est purement épique.Evidemment,on nous dira que c'est pour les enfants.OK,mais alors des enfants gravement attardés,ou en très bas âge.Voilà,c'est ça,le film devrait être interdit aux plus de deux ans.Et encore,le féminisme de combat ici brandi ne parait guère accessible aux mômes.Les acteurs complices de ce crime contre le cinéma doivent déployer des trésors d'inventivité pour ne pas être déshonorés à jamais par leur participation à ce méga étron.Franck Dubosc s'en sort haut la main en jouant avec une rigoureuse sobriété.Nicolas Vaude et Lionel Abelanski confirment leur classe naturelle dans des apparitions très courtes.Marina Foïs par contre est une erreur de casting manifeste et minaude atrocement.Il est vrai qu'une femme de ce temps-là,même acquise aux idées féministes,est obligatoirement une cruche.Quant au poussah Charles Crombez,en plus d'être physiquement hideux,le regarder jouer la comédie est une torture raffinée.