Ce qui n’était qu’une rencontre de circonstance dans « Encounters at the End of the World » est devenu bien plus par la suite. Depuis « Into The Inferno », Werner Herzog et le volcanologue Clive Oppenheimer ne se quittent plus. Ils font de nouveau le tour du monde pour nous conter l’histoire de notre planète bleue, tout en superposant l’humanité et sa culture par-dessus. Et c’est d’ailleurs l’affinité de ce duo, d’un passionné à un scientifique que l’on questionne les sens mêmes des crashs de météorites. Des cultes sont nés, d’autres les étendent à des hommages, mais qui font partie intégrante de l’exploration des hommes à travers les continents et à présent de l’univers. Le sujet étonne de nouveau mais reste loin d’être inintéressant, car bien que l’on convoite les nombreux secrets venants des cieux, d’autres vestiges terrestres réclament une certaine attention.


D’un site emblématique à l’autre, d’un cratère à l’autre, d’un récit intime à l’autre, ce vaste monde se trouve finalement étroitement lié par ces particules célestes que l’on cite et qui témoignerait d’une inertie constante, autour de nous et en nous. Il n’est donc pas surprenant de retrouver une démarche qui penche souvent du côté philosophique et c’est pourtant là que règnent les discussions les plus envoutantes. Il n’y a donc pas de chronologie qui tienne et on part un peu dans tous les sens pour le plaisir de découvrir un paysage toujours en contraste avec le précédent. On maintient ainsi une bonne attention, mais qui flirte sans doute avec quelques incohérences, en explorant juste ce qu’il faut pour émerveiller. Le voici l’écart qui peut en faire grincer plus d’un, sachant l’ambition du projet et l’implication de grandes figures dans le domaine. Cette générosité n’est pourtant pas manquante, mais placé dans cette source abondante de curiosité, dans la tête d’Herzog et dans l’objectif même d’une caméra qui ne vibre pas, mais qui patiente comme un spectateur assoiffé de l’inconnu.


Et cela ne se fera pas sans une pointe d’humour, basé sur le rapport intime qu’entretient Herzog avec son sujet. D’autres intervenants viennent ainsi à croiser leur foi avec la nature scientifique de phénomènes dont on ignore encore beaucoup de choses. Mais ce que l’on peut déjà observer ou palper finit par coller à la rétine de certains, qui fantasmes sur des segments de vie, des fragments de planètes qui nous répondent avec le plus grand des silences. A nous de les interpréter, en leur donnant peut-être un second souffle dans leur existence. La religion a longtemps été séduite par l’astronomie, car la mer étoilée a réservé des surprises tous aussi bénéfiques qu’apocalyptiques aux êtres terrestres. Ces événements sont bien revisités et laisse une porte entrouverte pour de nouvelles spéculations, que l’on finisse par trouver une étincelante lueur au fin fond de la boue ou non.


Oui, « Fireball : Visitors from Darker Worlds » (Boules de feu : depuis la nuit des temps) se trouve souvent désarmé face à l’amplitude d’un réalisateur de plus en plus en proie à une fascination qui le dépasse. Le sujet le dépasse également, rendant quelques interactions trop sophistiquées pour nous autres les novices et les initiés. Mais c’est également dans ces moments de vie, qu’il partage derrière sa caméra, le prolongement même de sa vision dantesque, qui nous égare juste assez afin que son œuvre prenne le dessus sur nos attentes, même les plus folles. Une partie consacrée à une organisation de défense planétaire nous amène alors à faire le point sur un avenir, compensé par d’autres rituels venus de la culture musulmane ou d’un champ de blé à Ensisheim, en Alsace.

Cinememories
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le 7 janv. 2021

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