Boulevard de l'Ennui.

Je ne vais pas faire durer le suspens très longtemps car avec un titre de critique pareil je limite forcément mes effets. Alors autant je suis un fanboy de Tarantino autant je déteste ce film. Et pourtant ça commence bien. Enfin, ça commence comme un Tarantino quoi; on nous balance une situation sortie de nulle part où des personnages, sur lesquels on a aucune information, discutent de sujets futiles et c'est au spectateur de tout démêler. Ici on suit un groupe d'amies qui fait la tournée des bars avant d'organiser une soirée pyjama dans un chalet. Je vous laisse donc imaginer la teneur de leur propos : les mecs, le sexe, les ex, le sexe avec les mecs, le sexe avec les ex, les sexes des ex mecs....bref vous l'aurez compris; ça vole très haut !

Donc là, si vous connaissez un petit peu Tarantino, vous savez que les dialogues durent longtemps. Eh bien c'est peu dire puisque ces conversations de lycéennes immatures et abruties représente 80% du film. Oui oui, 80%. Il n'y a pas vraiment d'histoire ou de fil conducteur. Juste des banalités échangées entre filles. Déjà ça je trouve que c'est décevant mais en plus j'ai trouvé qu'aucune actrice ne ressortait vraiment à l'écran. Non pas qu'elles jouent mal (ce sont des femmes donc les potins ça les connaît [Et qu'on ne vienne pas me dire le contraire...]) mais c'est plutôt leur rôle qui est insipide. De facto, cela s'en ressent à travers leur prestation.

Bon, on va quand même citer les points positifs parce qu'il y en a malgré tout.

Déjà il y a Kurt Russel. Et l'ami Kurt, lui, il ressort bien à l'écran. Stuntman Mike est un vrai rôle. Un rôle intéressant. Un rôle que l'acteur a bien assimilé et ce pour notre plus grand plaisir. De mon point de vue, c'est le seul bon personnage du film. Donc voilà; Kurt Russel en Stuntman Mike c'est une des forces du film.
Ensuite il y a l'Original SoundTrack qui, comme souvent chez le réalisateur, a été savamment choisie. Les morceaux collent bien à l'ambiance et au folklore texan qui émane des environnements. Je n'irai pas jusqu'à mettre l'intégralité de l'OST sur mon mp3 mais dans le contexte de ce film je n'ai pas noté de faute de gout.

Enfin vient la réalisation. On touche là à l'une des grandes forces de Tarantino (en tout cas pour moi) et comme d'habitude tout est léché et réfléchi; de l'habillage des environnements, au choix des couleurs en passant par les angles de caméra. Et que dire des courses poursuites qui sont juste jouissives. A ce propos, mention spéciale pour la dernière qui m'a réellement tenu en haleine. Et je ne croyais plus ça possible étant donné l'heure et demie qui venait de s'écouler... Par contre, je ne peux que déplorer le fait d'insister lourdement sur l'effet "rétro" de l'image. Autant c'est stylisé, ça colle à l'ambiance mais trop c'est trop. Une utilisation plus harmonieuse m'aurait plus plu. Là j'ai trouvé ça "too much" voire parfois inutile.

Pour moi, ce Death Proof fait clairement tâche dans la filmographie de Tarantino. Il n'est pas au niveau de ses autres productions. Il y a pourtant d'excellentes idées (deux histoires), un Stuntman Mike doté d'un excellent potentiel (merci Kurt Russel !) et une réalisation irréprochable lorsque les choses s'emballent. Mais comme elles ne s'emballent pas souvent, au final je n'ai retenu que le profond ennui que m'a procuré ce film. Pas d'histoire, dialogues réellement insipides, effets stylisés un peu lourd et manque de rythme sont finalement les choses qui m'ont marqué dans ce film. Dans la mesure où Quentin Tarantino a déclaré ne vouloir réaliser que 10films, je trouve dommage qu'il ait gaspillé une cartouche avec cette production sans saveur.