Entre le bon diptyque Kill Bill et mon préféré Inglourious Basterds, il y a eu un étrange film, qui, sans être incohérent dans la filmo de Tarantino, bien au contraire, sent à plein nez le soupir, presque la flemme, entre un double film qui a demandé énormément de ressources et le suivant qui affichera la plus grande diversité de lieux, acteurs et ressorts scénaristiques pour le réalisateur au moment de sa sortie.


Donc, oui, entre ces deux pépites, il y a eu Boulevard de la Mort.


Arlene, Shanna et Julia, trois jeunes amies, vont prendre un verre dans un bar un peu craignos. Elles rencontrent alors Stuntman Mike, ancien cascadeur qui s'avère être un tueur en série qui commet des meurtres au volant de sa voiture.


Le film se découpe en deux parties, qui proposent la même progression : un groupe de trois femmes se retrouve sur la route de Stuntman Mike, qui va tenter de les assassiner.


Tout le film est basé sur un système de build-up/pay-off ; on nous présente ces groupes de jeunes femmes, conversant sur des sujets aussi variés que "qui c'est qui a baisé qui ?" et "il embrasse bien, celui-là ?" et l'on prépare l'arrivée d'une récompense sous forme ici de scènes de poursuites au volant d'une Chevrolet Nova.


Et ces scènes d'action sont vraiment intéressantes. Kurt Russell n'est pas mauvais, les cascades sont impressionnantes, et il est vrai que l'on ressent une certaine satisfaction à regarder des jeunes gourdes insipides se manger un pare-choc en pleine face et paumer une jambe sur la RN57.


Lors de la deuxième partie, le film est porté en grande partie par Zoë Bell et son charisme fou. La scène de poursuite en voiture est délectable, bien plus longue que celle de la première moitié. Deux voitures de légende sont au coude à coude (ou au jante à jante en l'occurrence) dans une succession de cascades et de belles images dans la campagne poussiéreuse. Véritable cocktail d'adrénaline, duel automobile à mort, les trente dernières minutes sont un véritable régal.


Seulement voila, il faudra pour cela supporter les discussions ennuyeuses de personnages écrits sans réelle conviction. Et joués avec encore moins. Vanessa Ferlito et Syndey Poitiers sont affligeantes, mais difficile de briller lorsqu'on leur sert à jouer de petites pouffiasses pimbêches dont le seul plan pour la soirée se résume à rouler des galoches à des inconnus tout en se promettant de ne pas ramener de mâles dans la maison de campagne de papa.


Il est assez laborieux d'en dire plus lorsque toutes les scènes qui contiennent les trois jeunes femmes sont d'une lourdeur jamais vue dans un Tarantino. Heureusement Kurt Russell vole tous les plans où il apparaît et permet d'avaler plus facilement la grosse demie-heure de la scène du bar.


Les dialogues sont tantôt vulgaires, tantôt ridiculement clichés (parfois les deux à la fois) sans jamais être drôles. Avec un sens de l'humour oublié dans un placard, Tarantino enchaîne les dialogues qui ressemblent à des parodies de ce que le réalisateur a pu faire par le passé.


Quelle n'est donc pas notre satisfaction quand la Chevrolet leur roule dessus sans que, avec 5g dans chaque follicule pileux, elles ne la voit arriver !


On retrouve cependant quelques clins d’œil et gimmicks connus du réalisateur, à commencer par la police de caractères ultra kitsch des titres et les musiques incongrues qui apparaissent et disparaissent comme elles veulent. Boulevard de la Mort est un hommage aux films d'exploitation des années 70, les cascades ayant été réalisées comme c'était le cas à l'époque, sans effets spéciaux. Et le clin d’œil est réussi, Tarantino ayant adapté le rendu de l'image en conséquence, avec un grain permanent.


Malheureusement ces touches appréciables ne permettent pas d'oublier l'ennui et les longueurs de certaines parties du film, et encore moins son humour douteux manquant de finesse.


Au final, plus d'une heure de souffrance pour une grosse demie-heure intéressante, le ratio n'est pas franchement appétissant.


Laissons ce film dans un coin, il y a beaucoup d'autres Tarantino qui méritent d'être vus.

QuentinYuanMalt
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le 27 janv. 2018

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Yuan Cloudheart

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