Au fil des années Tarantino est devenu un label façon A.O.C., ce n'est plus un cinéaste il est passé bien au delà de ça, il est une référence, un passage incontournable du cinéma actuel. Fort de ce statut il peut désormais faire ce qu'il veut: remettre la palme d'or à un documentaire militant mais raté, dire qu'Elie Roth est un génie alors que tout le monde se demande pourquoi ou bien faire dire à des critiques cinéma intello qu'un film de Kung Fu c'est génial quand c'est lui qui le réalise. Bref il est balèze le p'tit gars, et c'est avec son côté effronté habituel qu'il nous présente sa vision du cinéma trash/bis des années 70.

Immédiatement le film porte la marque habituelle de Tarantino: musique pop, Red Apple et Big Kahuna Burger, fétichisme sur les pieds de femmes, référence à gogo et dialogues interminables. Pas de doutes ce film ne ressemble qu'à lui et par ricochet le réfractaires au bonhomme ne pourront qu'à nouveau détester tant le style Tarantino trouve ici une des expression les plus franche et les plus frontale. Pas une apogée mais une sorte de melting pot poussé encore plus loin que d'habitude. Ainsi le film est une ode à la culture de masse, une déclaration d'amour à la déviance sur pellicule ou se mêle violence, sexe et cholesterol. La force du film c'est son côté "fast food" du cinéma, une force qui est aussi sa principale limite.

En effet Tarantino s'emploie à mettre en valeur des images, des impressions ou des sensations qu'il a lui même vécue au cours de ces fameuses séances au grindhouse et force est de constater que la réalisation de Death Proof est phénoménale. Tout simplement.
Les plans sont d'une beauté hallucinante, la lumière est superbe et il filme les séquence motorisés avec une efficacité et un dynamisme qui renvoie tous les concurrents dans les cordes sans même se fatiguer.
Ensuite Kurt Russell est génial, une fois de plus, l'acteur favoris de Carpenter est parfait dans ce rôle de psychopathe sur quatre roues, rappelant à la fois le tordu rigolard incarné par Rutger Hauer dans "Hitcher" et la terreur sourde du monstre mécanique du "Duel" de Spielberg. Sa présentation dans le film est progressive et bien menée, un vrai régal.
Mais il n'est pas tant exploiter que ça... dans la première partie tout va bien puis il disparait pour ne revenir que dans les 20 dernières minutes; complétement folles néanmoins, les prises de risque des cascadeurs semblent énormes, sur cet instant précis Tarantino touche au but de façon parfaite.

Au milieu qu'est ce qu'on a ? et bien 4 pouffe en train de discuter encore et encore de sujets idiots... et ça en devient long, trés long, trés trés long surtout qu'au début du film il nous fait déjà le coup avec d'autres personnages. Autant ça passait, autant la deuxième fois ça gave sec. Ca gave d'autant plus que les actrices passent plutôt mal à l'écran et en deviennent vraiment énervantes et saoulantes à force de hocher de la tête à la moindre inflexion de phrase.
L'audace de couper le film en deux partie très distinctes aurait pu être payante si il avait su maintenir l'attention acquise lors des 40 premières minutes, hélas il laisse retomber le soufflet complétement et l'arrivée de Kurt -Stuntman Mike- Russell à la fin arrive bien trop tard.

Ainsi death proof est beaucoup trop long pour son format, le raccordement des 2 partie est osé mais foireux et porte un coup qui risque d'être fatal à pas mal de monde. Surtout que le film se perd dans ses citations qui finissent par étouffer l'identité du métrage. Le gros dérapage intervient lors d'auto-citations lourdes culminant avec un caméo du réalisateur vraiment hors de propos.
Je le répète, la réalisation de Tarantino est vraiment soufflante... en ressort un film quelque peu vain puisqu'inccapable de se plier aux règles qu'il s'est lui même dictée (car le film lui même ne fait jamais grindhouse justement) et tout ceci donne un aspect très prétentieux à l'entreprise.

Si on peut féliciter Tarantino pour l'apport indéniable en vue de la reconnaissance des grands films d'exploitation ou de séries B jusque là méprisés; on peut aussi se voir énervé que cette reconnaissance n'arrive qu'une fois Tarantino ayant adoubés lesdits films...
Car au final la mentalité des gens n'a pas évoluée ils n'aiment pas ces films pour ce qu'ils sont, ils les aiment parce que Tarantino les aime, paradoxalement il bouffe les lumières portés sur ce cinéma là en s'imposant comme référence ultime. Statut qu'il aime et cultive comme c'est pas permis dans ce film, il se substitue à ce qu'il aime et finit par se rendre service d'avantage à lui même qu'au cinéma.
En "mainstreamant" un phénomène dont la principale caractéristique est d'être "underground" Tarantino perd en chemin la saveur de ce cinéma et n'arrive pas à égaler ses modèles malgré toutes ses prétentions. Une photocopie d'autant plus fade qu'elle ne cesse de se prétendre meilleure que l'originale.

Cette vanité de moins en moins masquée finit par lasser et Death proof, malgré ses indéniables qualité (putain mais le charisme de Kurt Russell quoi), n'est qu'une baudruche dégonflée... à force de trop faire le malin le premier de la classe va finir par se ramasser.
Reste un début de film intriguant et une fin réussie malheureusement reliées par un milieu poussif et chiant qui dénonce la vraie nature du film, plus proche de la masturbation que de l'hommage, dommage.
Vnr-Herzog
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le 24 mai 2010

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