Sunset Boulevard est un croisement entre Dracula et Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?. Le personnage de Norma Desmond est à la recherche d'une jeunesse éternelle en revivant sa gloire passée tout en vampirisant les malheureuses personnes qui croisent son chemin. L'arrivée de ce scénariste sans le sou dans sa demeure délabrée, offrant un moment cocasse de veillée primate, va bouleverser sa vie tout en ne la changeant pas d'un pouce.
Complètement aveuglée, par sa folie d'une part et par la comédie que chacun lui joue d'autre part, Norma ne fait que fantasmer sa vie à défaut de la saisir. Chaque miroir est une caméra, chaque lampadaire est un projecteur et tant pis si le monde a continué sa route vers le Cinéma parlant, Norma restera une star en noir et blanc.
Véritable bijou en matière de réalisation, Sunset Boulevard s'amuse grâce à ce facétieux Wilder à titiller un Hollywood hypocrite et sournois. Un micro chahute la plume du chapeau de Norma, un projecteur attire la foule comme une flamme des papillons. Tout n'est que faux semblant, mais au final on se rend compte, dans ce close-up des plus glaçants, que la seule qui ne joue vraiment pas, c'est Norma. Dans sa folie, elle est vraie, elle est entière dans sa détresse et dans son amour du cinéma. Gillis, lui, se rend compte de sa propre hypocrisie et tourne les talons, Max ne fait que tisser un cocon de fortune autour de celle qu'il a toujours aimé et même Betty joue les fausses ingénues (meme s'il est vrai que son personnage manque d'épaisseur).
Sunset Boulevard (qui n'a pas volé son titre) passionne au départ grâce à cette rencontre aux prémices savoureusement drôles puis touche par ce déchirement inévitable et cette lente descente d'escaliers qui pose un point final à une carrière et à une vie.