Bounty Hunter
5.1
Bounty Hunter

Film de Shin Terra (2016)

Soirée où nous avions besoin d’un truc léger pour se vider la tête, Bounty Hunters, coproduction Chine / HK / Corée du Sud de 2016, semblait pile poil répondre à nos attentes. Du moins, c’est le programme qu’annonçait la bande annonce lors de son visionnage : de l’action badass, des gunfights, des gags, et un ton léger nous faisant comprendre qu’on est ici dans du divertissement pur et dur. La bande annonce ne ment clairement pas sur la marchandise, tous les ingrédients promis sont bien là. Sauf que rien ne va dans ce film, ni l’action qui pique souvent les yeux, ni la comédie qui tombe à plat, ni les CGI qui ne font pas honneur à l’énorme budget du film, ni les acteurs qui sont soit sous-exploités, soit tout simplement irritants. Quand la Chine se la joue blockbuster Hollywoodien, ça donne donc Bounty Hunters, et c’était bien foireux.


La Chine semble avoir envie que son cinéma prenne un virage hollywoodien et ça ne lui fait pas peur d’injecter des centaines de millions de dollars dans du pur divertissement. Pour Bounty Hunters, la Chine, la Corée du Sud et Hong Kong ont tous les 3 injecté un pognon monstre à tel point que le budget du film avoisine les 30M$US. Pour diriger cette grosse machine, les producteurs, dont le célèbre Raymond Wong (qui a récemment produit la saga Ip Man), font appel au réalisateur coréen Shin Terra, (également appelé Shin Tae-Ra). Un choix plutôt étrange quand on regarde sa filmographie plutôt moyenne (My Girlfriend is an Agent, Runaway Cop) même s’il semble malgré tout être un adepte du genre comédie / action. Pour attirer le public coréen dans les salles, ils font appel à la star locale Lee Min-Ho, jeune homme au physique avantageux ayant œuvré dans bon nombre de K-Drama à succès (The Legend of Blue Sea, City Hunter, The Heirs), et pour le public chinois, ce sont les acteurs Wallace Chung (Drug War, Monster Hunt), Tiffany Tang Yan (East Meets West, The Storm Warriors) et Karena Ng (Ip Man 3, An Inspector Calls) sur qui leur dévolu s’est jeté. Côté scénario, Raymond Wong insiste pour qu’il soit écrit par Edmond Wong avec qui il a déjà travaillé sur la saga Ip Man, et qui est accessoirement… son fils. Bref. Le film sort donc en 2016, remporte un beau succès en Chine et en Corée. Il sort également en Australie, Nouvelle-Zélande, et même en Angleterre dans quelques salles. Mais malgré tous les efforts qui semblent avoir été fournis pour la production du film, tout ce qui est important est à côté de la plaque.


On constate rapidement que le scénario va faire preuve de bon nombre d’incohérences et les décisions qui vont être prises par les personnages sont souvent complètement illogiques, tout comme les motivations du grand méchant qui sont des plus discutables. Les personnages sont caricaturaux au possible (le beau gosse, la geek kawai, la femme fatale, …), parfois même irritants comme c’est le cas pour le grand méchant et son look ridicule, semblant sortir d’un manga avec ses cheveux teints en orange pétard. L’acteur chinois Jeremy Xu (Kung Fu Angels, The Detective 2) en fait des tonnes au point d’en devenir pénible à chacune de ses apparitions. Et qu’est venu faire dans cette galère le très sous-estimé Fan Siu-Wong (Ip Man, Story of Ricky) ? On pourrait se dire qu’il est là pour le côté baston du film, lui qui a maintes fois démontré qu’il est un artiste martial hors pair. Mais non, on lui donne le rôle du gay maniéré, homme à tout faire adepte de la mode, et il ne participe jamais à un combat. Quel gâchis… Au moins il aura le mérite, avec ses accoutrements improbables de nous décrocher des sourires au milieu des nombreux gags qui parcourent le film et qui tombent sans cesse à plat.
Qui dit comédie d’action dit action. Il y en a dans le film et c’est Lee Min-Ho qui se colle dans le rôle de distributeur de claques dans le gueule. Le film s’en sort parfois pas trop mal lors des gunfights et autres courses poursuites. Mais lorsqu’il s’agit de filmer des combats pieds / poings, ça se gâte. Impossible d’apprécier les chorégraphies de quelque manière que ce soit à cause d’une mise en scène « à l’américaine ». Entendez par-là que tout est bien trop cut, avec une caméra qui ne cesse de bouger (voire de secouer) afin de donner artificiellement du punch et de la vitesse à tout ça. Le résultat est clairement moche à voir.


Définitivement, il n’y a pas grand-chose à sauver de ce Bounty Hunters. Avec un meilleur metteur en scène et un meilleur chorégraphe, il y a par contre fort à parier qu’on aurait pu avoir un excellent divertissement. Mais là, en l’état actuel des choses, on est très proche du navet.


Critique originale : ICI

cherycok
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le 9 juin 2020

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