J'ai essayé, impossible de dissocier « Boyhood » de son incroyable parti pris : filmer en « temps réel » un garçon de son enfance jusqu'à son adolescence, voilà quelque chose d'unique dans l'Histoire du cinéma et rien que pour cela, difficile de passer à côté. Du coup, la grande question est : si le film avait été tourné en trois mois avec un acteur différent pour chaque âge au lieu d'un seul sur douze années, aurais-je autant apprécié le film ? Je vais être honnête : je n'en ai aucune idée. Reste que l'émotion de voir grandir Ellar Coltrane de 6 à 18 ans est réel, d'autant que l'œuvre a beau être très « sundancienne », elle n'en a pas moins beaucoup de choses à dire sur la famille et de manière plus générale sur l'Amérique d'aujourd'hui.
Le trait est ainsi plutôt nuancé, les clichés rares et on a presque toujours l'impression d'un récit en mouvement, proposant régulièrement de nouvelles situations et de nouveaux enjeux à chaque nouvelle année du héros, ce qui est assez logique mais restait encore à démontrer. Et l'interprétation, impeccable (Patricia Arquette en tête), finit de nous convaincre de la pertinence et de l'intelligence de l'entreprise, l'évolution de chaque personnage s'avérant en définitive très crédible et même régulièrement touchante. Bref, je ne sais donc pas quel aurait été mon regard sur l'entreprise si elle avait été tournée dans des conditions « normales », toujours est-il qu'elle m'a beaucoup plu et vraiment marqué : l'une des plus belles réussites de 2014.