Le moins qu’on puisse dire de « Boys don’t cry » c’est que ce film recèle d’une violence assez folle. Depuis le titre, en passant par le thème, le résumé, les faits réels, tout ça m’a mis dans une atmosphère d’attente, et surtout d’étau qui se referme. Et j’ai toujours été très sensible à ça.
D’autant plus angoissant que Brandon/Teena n’a qu’une conscience très limitée du feu avec lequel il joue, et refuse profondément de vivre dans la peur.

Ce qui est touchant, c’est l’aspect « live fast » qui ne va pas jusqu’à « die young », et qui permet à la tête brûlée qu’est Brandon de vivre un tas de très belles choses, de prendre tout ce qu’il y a à prendre dans son quotidien pourtant bien loin d’être rose, et d’oublier tout le reste vitesse grand v, même tout ce qui pourrait mettre fin aux bons côtés. Reste un très bel espoir.

Plus ça va, plus Brandon s’épanouit, plus moi, en tant que spectateur, je me rendais ce film insupportable, tant c’était évident que la chute allait être immonde, puisque la réalité dans laquelle le personnage principal s’épanouit est rude. Il y a néanmoins beaucoup de tendresse, et de douceur dans le jeu de l’actrice principal, dans certaines des relations mises en place. Je pense qu’il y avait une volonté d’adoucir la réalité des faits dans certaines des répliques finales, dans certains des derniers moments du film, mais les choses se terminent comme elles ont commencé, brusquement, et de manière frontale.

Bref. C’est un film qu’on regarde en sachant à quoi s’attendre, qui joue avec notre empathie pour le personnage principal, et qui aborde la transsexualité sans détours, à l’âge le plus cruel peut-être, celui où l’adolescent est plus que jamais prisonnier dans un corps qui n’est pas le sien, et totalement conscient de la plupart des conséquences qui y sont liées.Mais pas seulement. Il montre aussi cette société complètement bancale des basses couches sociales du Nebraska, et leur quotidien dont on ne s’échappe que par la défonce, l’alcool, et l’endurance des coups qu’assène la vie en général- qu’on finit par chercher, pour se persuader qu’on est en vie.

Comme d’habitude avec ce type de films, je trouve le résumé très maladroit, limitant, et pas du tout adapté. Pour l’apprécier, il ne faut pas redouter de se prendre ce film dans les dents, et droit dans les rétines, dans toute sa force, et tout son impact. Personnellement, il m’a un peu heurté.
Minuitetdemi
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le 15 mai 2013

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