Bienvenue dans un totalitarisme administratif où l'impitoyable bureaucratie règne en maître absolu, où les chauffagistes clandestins sont des ennemis publics et où l'on paie ses propres frais de torture, chouette.

Le film présente une atmosphère fidèle aux codes de la dystopie, et se veut donc antithétique, d'un côté les bas-fonds prolétaires, crasseux, grouillants, nauséabonds de l'autre l'administration, métallique, rigide, grise, et au milieu de tout cela Sam, petit employé de bureau dont on suit les tribulations, personnage sensible, un peu trop bonne poire, totalement dépourvu de toute ambition professionnelle, et par conséquent, un peu paumé dans cet univers où les rêves n'ont pas leur place.

En fait, le monde dans lequel se déroule l'intrigue ressemble à s'y méprendre à «la maison qui rend fou» d'Astérix : un joyeux bordel de paperasse et de formulaires où s'en sortir semble impossible (ma référence est de qualité et je vous emmerde).

L'absurde côtoie le film entier, et j'ai plusieurs fois pensé à l'univers de Caroll, notamment pour l'indifférence que semblent porter la plupart des personnages aux événements rocambolesques auxquels ils assistent ( une bombe explose pendant mon dîner au restaurant ? J'ai un morceau du globe oculaire de ma voisine de table dans mon assiette ? Garçon, un paravent je vous prie !).

D'un autre côté, l'idylle vécue par le personnage principal et sa copine la camionneuse, véritable fil rouge du film, ne m'a pas emballée plus que ça, peut-être est-ce du au fait que la camionneuse en question est plus insipide qu'une endive (si, si, j'vous jure) ou que Jonathan Pryce ressemble à un mérou en rut lorsqu'ils sont tous les deux, je me demande encore.

Le climat d'angoisse est omniprésent et j'avoue que jusqu'à maintenant je ne m'étais jamais vraiment rendu compte à quel point le cocktail «administration» et «effroi» était détonnant ! Rien que la scène d'introduction chez les Buttle donne un petit aperçu de la chose, mais le plus marquant reste probablement ce type insignifiant derrière son bureau débitant sur un ton prodigieusement monotone les actes d'accusation de Lowry tandis qu'on aperçoit en arrière-plan les ombres de cadavres suspendus se succédant à la chaîne.

Quant aux scènes de rêve, j'ai fait de mon mieux, j'ai tout essayé, mais en vain : je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux Power Rangers. L'arrivée du samouraï strassé (et mon ricanement étouffé l'accompagnant) ont malheureusement achevé de me faire croire que j'arriverai à en faire abstraction, navrée.
Neophyte
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le 4 janv. 2013

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Neophyte

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