Le monde dystopien imaginé, un régime totalitaire déshumanisé à la fois futuriste et rétro, est d'une noirceur incroyable. Et en même temps tellement soigné, tellement fouillé qu'il en deviendrait presque crédible. Comment une telle petite action peut avoir des conséquences aussi vastes ? Terry Gilliam réinvente peut-être le coup de l'effet papillon, avec tout son attirail décalé qui lui est propre. Car en effet, son côté burlesque est bien là, comme avec cette mère qui rajeunit sans cesse, ce chauffagiste surréaliste incarné par Robert De Niro, cette scène de baiser... Bref, au-delà de l'ambition de la chose, l'ensemble garde une identité certaine.

L'administration s'y retrouve caricaturée à l'extrême : dès que le patron a le dos tourné, tout un jeu de miroirs se met en place pour pouvoir échapper à ce quotidien harassant. Mais la responsabilité de la faute commise est la hantise de tout le monde. Du coup, on essaye de tout dissimuler sous une montagne de paperasse ("Have you got a 27B/6 ?"). Signer, quitte à tout falsifier, ça a quelque chose de rassurant, au fond. Et comme toujours avec Gilliam, le rêve est très présent : le récit est fragmenté, l'incarnation de l'ange obsède le héros, et l'on se retrouve ainsi à faire des allers-retours permanents entre le rêve et le monde réel. Ou plutôt, entre ces deux imaginaires.
Acco
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le 27 juin 2011

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