Décidemment, le Monty Python tout seul, n’aura jamais réussit à me convaincre, comme quand il était accompagné de ses potes. Quelque soit le film, Terry Gilliam, sans ses partenaires, m’a toujours laissé comme un sentiment de manque de quelque chose d’important pour que ça marche réellement. Alors la folie il l’a, c’est sûr. Le sens de la démesure aussi. Les moyens on les lui a donnés, encore. Tout pour faire un film d’envergure mondiale, et en plus c’est culte. Mais culte, ça veut dire quoi, au fait ? Pour certains films, je me pose réellement la question. Culte ne veut pas nécessairement dire incontournable, ou très bon, mais plus œuvre exemplaire, d’époque, qui a marqué une génération à un moment donné. On va en parler comme du Graal, en faisant l’impasse sur les défauts, en oubliant les gros défauts, ou erreurs, ou scories, les trucs qui font taches. Ce film, je l’ai vu trois fois, c’est tout. Pour moi, il n’a jamais été culte. A chaque fois, je suis emporté dans un tour de manège, avec plein de son et lumière, des explosions, des décors gigantesques, des personnages minuscules, un conte de fée postmoderne, librement inspiré par 1984 d’Orwell.
1984 revisité, pourquoi pas. Le titre, alors que le film n’a rien à voir avec le Brésil, pourquoi pas. La comédie narrative façon loufoque à la feu Monty Python, là, je commence à tiquer un peu. Le monde concentrationnaire, régit par une logistique implacable, une bureaucratie inhumaine, tout ça c’est décrit, mais sûrement pas développé, conte de fées oblige, et je n’y crois pas une seconde. Terry n’est, et ne sera jamais Kubrick ou Lang, et on se demande bien pourquoi un saltimbanque, (dans le sens noble du terme, ne vous énervez-pas), s’attaque à un sujet aussi complexe et exigeant. Lui, il ne s’intéresse qu’aux effets, et à la danse, effets spéciaux contre décors, action contre personnages en carton.
Ce film m’ennuie assez vite. On se rend assez vite compte que les personnages sont ratés. Le héros, on dirait Harold Lloyd qui essaie de nous faire rire, alors que Gilliam lui, essaie de nous faire pleurer. Un monde triste, sans soleil. Des terroristes mettent des bombes, on ne sait trop pourquoi. Le chef de service du héros, semble rigide comme une corde de piano, et porte une moustache à la Hitler…Le scénario est embrouillé, part soudain en couille, au profit de la course en avant spécial fête foraine, cascades plus effets spéciaux, plein la vue, plein la vue. A ne savoir quoi faire, il en fait trop comme d’habitude. Le chevalier en armure, qui sort d’un rêve, et se bat contre un samouraï, et ça vire un peu au ridicule, Disneyland Park. L’ancien Monty reste un artisan avec plein d’idées, mais un peu de rigueur conceptuelle, ça ne lui ferait pas de mal. On devrait être terrifié par cette histoire anxiogène à la base. Un petit employé sans envergure, essaie de fuir cette vie triste de matricule, et devenir un homme libre. Et n’y arrive peu, pas. On devrait être terrifié de peur, par l’absurde de la situation, on rit. On se contente du rire. Gilliam ne sera jamais Ionesco non plus. Et le rire ne sauve pas de tout.
Le plus du film reste ce bricolage visuel baroque, le décor qui se démultiplie comme une image fractale enfantine, qui nous plonge dans un rêve ou un cauchemar, ça, c’est pas mal du tout. Par contre le final « sérieux », qui met la larme à l’œil à beaucoup de spectateurs, est trop décalé pour fonctionner, sauf sur le registre de l’émotion provoquée, voire fabriquée. Donc le pantin qui passe son temps à courir pendant tout le film, comme un poulet sans tête, a une âme ? Mais le film lui, n’en a pas, donc on descend du manège, et les plus sensibles écrasent une larme.