En 1984, le scénariste John Hughes jetait un petit pavé dans l'immense mare du teen-movie par le biais de son premier long-métrage Sixteen Candles, attachante bluette posant un regard frais et tendre sur l'âge ingrat. Un an plus tard, le bonhomme récidive en développant davantage sa réflexion pour les besoins de The Breakfast Club, film culte instantané de toute une génération de gosses se sentant incompris par leurs aînés.


Confinant cette fois son casting juvénile dans un lieu unique, John Hughes va prendre un malin plaisir à scruter ses clichés ambulants sous toutes les coutures pendant une heure et demie, à les écouter, à les disséquer, cherchant avant tout à dévoiler ce qui se cache derrière un geek, derrière un sportif, un rebelle, une gosse de riche populaire ou une dégénérée.


Sans jamais juger ni péter plus haut que son cul, le cinéaste va faire preuve d'une intelligence étonnante dans sa description d'un microcosme trop souvent illustré avec lourdeur ou nonchalance, se montrant fin sociologue et jouant admirablement avec les lieux communs et les stéréotypes. Qu'il s'agisse des espoirs ou des désillusions de ces jeunes, de ce qu'ils dégagent ou de la façon dont il perçoivent le monde (et ses codes sociaux qui le régissent), tout sonne juste, à l'image d'une distribution impeccable et étonnante.


Mais le tour de force de John Hughes, en plus de rendre son film extrêmement divertissant, est sans aucun doute de réussir à parler intelligemment de l'adolescence, de se poser en une sorte de grand-frère bienveillant, mais aussi de ne jamais condamner le monde des adultes. Si les parents, à peine visibles, sont clairement montré comme démissionnaires ou étouffants, le rôle du proviseur interprété avec talent par Paul Gleason, permet de nuancer le propos. Dur, parfois même con, presque hors de contrôle, il illustre parfaitement ce sentiment d'échec et de peur concernant l'éducation et la compréhension de gamins qui devront devenir à leur tour des adultes si possibles pas trop aigris et un minimum responsables.


Guerre ouverte entre une adolescence pleine de doutes et un âge adulte incapable de comprendre cette jeunesse, The Breakfast Club est bien plus qu'un simple teen-movie délicieusement 80's. C'est avant tout une étude sociologique passionnante et d'une justesse incroyable, un modèle d'écriture qui atomise les doigts dans le nez tout ce qui suivra dans le genre.

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le 14 nov. 2016

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Gand-Alf

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