D’un film générationnel la question est : n’est-il que cela ? Tel le Grease au cuir misogyne et à la bêtise chantée ? Assurément pas. The Breakfast Club constitue un tour de force parce qu’il convertit l’immobilité spatiale en microcosme cathartique où se redistribuent les cartes d’un même jeu, celui de la jeunesse volée, violée et corrompue par le monde adulte. La jeunesse est sacrifiée, conduite à s’interroger malgré elle sur une identité qu’elle doit figer avant même de l’avoir constituée ou vécue. Car ce coup de pistolet tiré au milieu d’un concert scolaire provient d’une arme de détresse, ultime cri d’alerte de la part d’un adolescent agonisant sous les coups répétés de la réussite, plutôt l’idée de réussite qu’une société et que ses délégataires parentaux matraquent aveuglement à longueur de temps. L’œuvre construit sa révolte par la parole et le mouvement des corps tantôt assis tantôt rampant dans les conduits d’aération pour enfin briser leurs chaines et danser, rassemble des types au front garni d’une étiquette – intello névrosée bobo tout musclé vermine – pour mieux les fusionner dans le portrait d’une jeunesse unie par sa même quête de liberté. Quoi de plus paradoxal qu’une si juste dissertation sur l’existence, ses futilités et ses beautés, dans l’école préalablement saccagée (entendons réappropriée), vidée de sa substance adulte destructrice ? Car The Breakfast Club chante un début malgré le cercle dans lequel il s’inscrit mais d’où sortent des jeunes grandis par leurs expériences et leurs erreurs, chante l’heure du déjeuner comme métaphore d’une vie à ne pas laisser filer. On prend des forces et la journée peut commencer, la lutte s’entamer, point levé contre vents et marées au formatage désolant. « It's my feeling we'll win in the end ». Chef-d’œuvre.

Fêtons_le_cinéma
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le 11 nov. 2018

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