Lars Von Trier est très intelligent. A force de nous le répéter, on va finir par le croire pour de bon. C’est sans doute pour ça qu’il peut se contenter d’une caméra épaule perpétuelle, chauffée à blanc, par des contrastes à la limite de la surexposition, ou des raccords douteux. C’est audacieux, ça fait faussement « amateur », c’est presque raté, c’est juste joli. Son dispositif simple et efficace comme tout ce qui est simple, accompagne l’évolution de son héroïne simple d’esprit ( ?) Il la caresse avec sa caméra, l’aime et ensuite il la détruit sous nos yeux. On a son propre regard à la fois sur la folie, l’amour fou, la rébellion face à une société patriarcale, contre un pouvoir masculin omniprésent, et c’est assez bien. Ensuite comme à chaque fois avec lui, il y a un problème.
Moi je le soupçonne le bonhomme d’avoir eut les yeux plus gros que le ventre, et d’avoir abandonné l’histoire au beau milieu du film, en délestant tout le poids de celle-ci sur les épaules de l’actrice principale, qui se débrouille pas mal du tout, d’ailleurs. Il nous abreuve de gros plans des yeux bleus d’Emily Watson qui finissent par nous étourdir, et nous font oublier le propos, une histoire alambiquée, une mise en scène intello qui se prend au sérieux, avec juste ce qu’il faut de provoc pour que ça passe. C’est un peu du chiqué pour cinéphiles à la recherche de la perle perdue. A trop vouloir nous en mettre plein la vue, certains ne voient plus rien, sinon le super ego du bonhomme, je fais parti de ceux là. Et puis à quoi ça a servit de diviser tout ça en chapitres, comme une saga à rebondissement ? Absolument à rien du tout. On a la même histoire qui se délite du début à le fin, sans plus de rebondissements ou de détours que ça, pas de quoi mériter un chapitre à grands renforts de tambours et trompettes. Le truc est linéaire et assumé comme tel, minimaliste et épuré certes, mais je ne sort pas plus ému que ça.