Ce film est une vraie bonne surprise, car on sent dès le début que nous allons avoir de l’innovation. Rien qu’en terme de graphisme, c’est rafraîchissant. Chaque image a été en effet conçue comme étant un vitrail. Entremêlant la 3D et la 2D à plat, ce film est un véritable enchantement pour les yeux (même si, comme toujours, un graphisme particulier ne plaira pas à tout le monde, et qu'il a parfois tendance à simplifier grossièrement certains détails comme les mains ou les pieds...). Voilà pour le visuel. En ce qui concerne les personnages, le choix de Brendan est assez bien fait, puisqu’on en fait le centre de l’histoire. Les enfants peuvent facilement s’identifier à lui, pendant que les adultes ont un aperçu assez détaillé du contexte dans lequel il évolue. Et on est surpris par l’absence de prosélytisme à n’importe quel moment de l’histoire. Si le contexte est religieux, c’est bien plus comme une communauté qu’est vu le monastère (qui abrite une population conséquente dans son mur d’enceinte) que comme un lieu de conversion. La religion est en contexte, et moins au centre du récit (ce qui explique la place laissée aux légendes celtes). Les métaphores très nombreuses dans la dernière partie lors du mûrissement de Brendan, sont surtout messages d’espoir en ces temps difficiles. Les vikings, présents tous le temps comme une menace imprévisible, jouissent d’un design intéressant, et sont officiellement les méchants de service, néanmoins crédibles dans leur quête insatiable d’or.


Un autre aspect de l’histoire est la relation entre Brendan et Asling, sorte de divinité enfantine de la nature, qui cumule tout l’aspect « magie » que doit contenir un film pour enfant. Une très belle histoire d’amitié, et surtout d’acceptation de l’autre, ces deux êtres ayant des origines totalement différentes (Asling est une déesse vouée à l’oubli, Brendan est gentiment chrétien). Jamais insistant sur ces différences, leurs aventures sont plaisantes à suivre, et procureront parfois quelques frissons à vos bambins (la quête de l’œil de Krum Crouak, dans des cavernes sombres). Le tout s'orientant finalement vers la protection de la Culture et su Savoir représenté par le livre de Kells, ainsi que les progrès de la calligraphie.


En bref, intéressant au niveau graphique (bien que parfois manquant de détails), véritablement très travaillé sur le plan du script et des personnages (à part les viking, chaque personnage n’est pas particulièrement méchant, seulement obstiné), simple sans être naïf, Brendan est un film inespéré, qui apporte beaucoup de fraîcheur à l’animation (le folklore celtes est passionnant), restant toutefois discret dans le paysage de l'animation française (Le chant de la mer a bénéficié d'un meilleur accueil).

Voracinéphile
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le 23 oct. 2016

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