Anthologie de répliques savoureuses déclamées par un casting savoureux
Quand on tient une bonne idée, on a souvent peur de regretter de ne pas l’avoir suffisamment exploitée. Non, cet aphorisme ne fait pas partie des innombrables traits d’esprits du film de Jean-Michel Ribes; mais il pourrait très bien résumer le projet humoristique de son compère Jean-Marie Gourio. Après les nombreux volumes des Brèves de comptoir édités en recueil depuis près de trente ans, après leur adaptation sous forme de pastilles dans l’ovni télévisuelle Palace (déjà façonnées par Ribes), après leurs adaptations théâtrales (toujours dirigées par Ribes), voici venue l’adaptation sur grand écran d’une oeuvre bavarde et effrontée que rien ne prédestinait à ce média; ni dans sa polyphonie se déployant sur tous les thèmes et toutes les opinions possibles, ni dans son absence apparente d’un fil conducteur transposable sous la forme d’un scénario, avec ce qu’il faut de forme narrative et de progression dans une histoire.
Mais force est de constater que les deux complices n’ont pas délaissé les avantages que leur offrait le format du long-métrage pour se contenter d’enchaîner brève après brève, en pensant que leur accumulation suffirait à former une matière cinématographique. Ils réussissent à créer une ambiance autour de cette folie verbale, garantissant ainsi une forme cohérente et une identité sincère au film. Pour cela, le réalisateur et son scénariste ont choisi une unité de lieu et de temps, à savoir une journée de l’ouverture à la fermeture dans le bistrot l’Hirondelle. Ayant vu la dernière adaptation théâtrale en 2010, j’apprécie le choix du binôme de ne pas avoir garder le découpage en séquences (on ne peut pas vraiment parler d’actes) possédant chacune son décor, évoquant chacune son troquet, distribuant chacune un rôle différent à la troupe des fidèles de Ribes (déjà Laurent Gamelon, Marcel Philippot, Annie Grégorio…). Cette fois l’Hirondelle est le seul décor et les acteurs gardent le même rôle du début à la fin, ce qui permet de mieux installer les personnages, de mieux se figurer la place de chacun dans la communauté des poètes du zinc, et d’élargir la distribution à une pléiade de comédiens visiblement exaltés à l’idée de participer à la spirituelle fête des spiritueux (...)
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