Le danois Martin Koolhoven signe un western qui, s’il ne révolutionnera pas le genre, sort totalement des ornières dans lequel ce dernier est trop souvent confiné. Plutôt contemplatif sans pour autant être poseur, extrêmement ambitieux et à la limite du prétentieux formellement et du point de vue de la narration, ce « Brimstone » est un objet cinématographique vraiment pas comme les autres. Et lorsqu’il convoque le cinéma gore ou se place à la lisière du fantastique par le biais de la religion, il parachève d’assouvir notre curiosité et de s’asseoir dans les bizarreries intrigantes de l’année.
Et même si celle-ci commence à peine, on est en droit de se demander qui pourra surpasser le personnage du révérend joué par Guy Pearce dans les pires salauds de l’année 2017 sur grand écran. Sadique, illuminé, violent, pervers et sans pitié, le comédien décidément à l’aise partout compose un méchant d’anthologie qui est pour beaucoup dans l’aspect sombre et nihiliste du long-métrage. Face à lui, Dakota Fanning ne démérite pas dans le rôle pas facile d’une muette. Après « American Pastoral » où elle jouait une bègue, la jeune comédienne montre encore une fois l’étendue de son talent. Au cœur du film, leur relation va prendre tout son sens au fil des chapitres.
Car en effet, le fait de découper « Brimstone » en quatre parties est intéressant tant elles ont un rôle bien particulier et distinct dans l’articulation du récit. Mais de ne pas les mettre dans l’ordre chronologique n’est qu’une facétie de montage qui apporte certes une certaine originalité à la narration (un peu comme « Memento » déjà avec Guy Pearce). Au lieu de se concentrer sur le suspense d’une course-poursuite et d’une vengeance, la manière dont est découpé le film focalise plus le spectateur sur les raisons et les motivations du révérend envers le personnage de Dakota Fanning. Koolhoven soigne d’autant plus sa mise en scène que chaque partie est sublimement filmée, entre cadrages particuliers et majestueux plans larges tirant profit des grands espaces, mais que chacune dispose également d’une esthétique discrètement différente des autres, due aux différents lieux de l’action et à la photographie.
Cependant, s’il est un réalisateur à suivre, le monsieur dont c’est le premier long-métrage a du mal à couper dans la matière qu’il a filmée. Les près de de deux heures et demie que durent « Brimstone » sont trop longues et le film manque parfois de rythme. On pourra également lui reprocher parfois la complaisance avec laquelle il filme la violence et la déviance humaine même s’il s’absout en stigmatisant les dérives de extrémisme religieux. Certaines scènes sont vraiment insoutenables mais confèrent à cette œuvre encore plus de singularité. Un western formellement magnifique, toujours surprenant mais qui a le défaut de ses qualités en n’ayant pas de limites.