Brisby et le Secret de NIMH
7.5
Brisby et le Secret de NIMH

Long-métrage d'animation de Don Bluth (1982)

A l'époque où les studios Disney sont en perte de vitesse, trois de leurs animateurs, Don Bluth, Gary Goldman et John Pomeroy, s'associent et réalisent en parallèle de leurs carrières un moyen métrage: Banjo, The Woodpile Cat, qui nécessita pas moins de cinq années de travail, avec en guise de local le garage de Don Bluth. Fort heureusement, le succès critique est au rendez-vous, et les investisseurs ne tardent pas à pointer le bout d'leur nez. Les animateurs claquent alors la porte de chez Disney, dont ils déplorent la perte de créativité, et décident d'adapter en toute indépendance le roman de Robert C. O'Brien: Mrs. Frisby and the Rats of Nimh. Le budget est limité, et le pari nettement risqué pour ses hommes qui s'aventurent sur les plates-bandes de la maison Mickey, concurrencée pour la première fois de son histoire.
Sous ses airs de dessin animé léger et bon enfant, avec pour personnages principaux des souris, Brisby et le secret de Nimh a de quoi surprendre, comme l'atteste l'introduction du long-métrage, qui donne clairement le ton. Décors lugubres, ambiance glauque et inquiétante, mystérieux personnage, ces premières minutes sont d'autant plus déstabilisantes qu'elles annoncent un récent décès, celui de Jonathan Brisby. Mais si ce personnage n'apparaîtra jamais au cours du récit, hormis lors d'un flash-back, son importance n'en ai pas pour autant amoindri, et son absence se fera cruellement pesante tout au long, puisqu'il laisse derrière lui 4 souriceaux et sa veuve, Brisby. Véritable mère-courage, cette dernière devra, pour sauver son fils malade, affronter difficultés et épreuves colossales pour le si petit être qu'elle est. Armé d'enjeux dramatiques forts, le long-métrage est rythmé par un constant sentiment d'urgence, d'une perpétuelle impression de danger. Une idée soulignée par l'inhospitalité des environnements que Mrs Brisby sera amené à traverser, de la demeure effrayante et grouillante d'insectes du terrifiant Grand Hibou, à la lugubre cité souterraine aux allures gothiques des rats.
La musique composée par Jerry Goldsmith accentue d'autant plus cette ambiance sombre et dramatique, oscillant entre morceaux d'une étonnante noirceur, et d'autres plus massifs qui accompagnent les séquences d'action, notamment lors de l'attaque de l'effroyable chat Dragon. En opposition, le thème principal de la partition se veut apaisant, réconfortant même, illustrant parfaitement l'élément moteur du long-métrage, à savoir l'amour maternel. Une idée retrouvée dans l'unique chanson du long-métrage (<< Pour l'amour d'un enfant >>), qui a la particularité de ne pas interrompre l'action, se contentant d'accompagner discrètement la scène qu'elle présente. Là encore, on comprend ce choix comme une volonté pour les producteurs de se démarquer des studios Disney, qui agrément la majorité de leurs long-métrages de nombreux numéros musicaux.
Mais l'atypisme de Brisby et le secret de Nimh repose essentiellement dans ses thèmes abordés, passant par la mort, le deuil, le rejet de l'inconnu, la vengeance, la trahison, ou encore l'expérimentation animale (NIMH est d'ailleurs le sigle de National Institute of Mental Health, institution réellement existante). Don Bluth va même pousser le ton grave de son long-métrage plus loin encore dans sa dernière partie, où il n'hésite pas à blesser et à donner la mort à certains personnages, sans parler du sang visible à l'écran. Néanmoins, l'animateur n'oublie pas à quel public il s'adresse, et incorpore au récit le corbeau Jérémy, maladroit au possible mais suffisamment drôle pour laisser souffler le jeune public quelques minutes, et ainsi donner un peu de légèreté au périple presque désespéré de l'attendrissante Brisby.
Côté animation, le résultat est très fluide et réaliste, les dessins très détaillés. Les 20 années de bons et loyaux services passées chez Mickey ne passent pas inaperçu, tant on retrouve dans l'animation de Brisby et le secret de Nimh un peu de Robin des Bois et Les Aventures de Bernard et Bianca, sur lesquels Don Bluth avait travaillé.
En conclusion, l'ex-dessinateur de chez Mickey inscrit son film dans la lignée de ce qui se faisait à cette époque, où l'on considérait les enfants plus aptes à encaisser ce qu'ils pouvaient voir à l'écran. Mais là où les studios Disney ont échoués 3 années plus tard avec Taram et le chaudron magique, l'équipe de Don Bluth Productions elle réussit son coup grâce à des personnages consistants et un scénario solide, pour une oeuvre aboutie et marquante.
JulieTournier
7
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le 23 avr. 2013

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Julie Splack

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