L'originalité est que le personnage principale est une héroïne, qui plus est une mère de famille qui a récemment perdu son mari. Mme veuve Johnathan Brisby vit avec ses 3 enfants, dont un cloué au lit par une pneumonie, dans un parpaing non loin d'une ferme. Mais le tracteur va bientôt passer, elle va donc, avec l'aide d'un corbeau maladroit qui a un béguin pour elle, aller voir le Grand Hibou. Ce dernier lui dit d'aller voit les rats dirigés par Nicodemus, qui vivent dans une base secrète sous l'étang.
Quand il apprend qui elle est, Nicodemus lui explique le secret de Nihm : lui et Johnathan Brisby sont des rats échappés d'un laboratoire qui les a rendus plus intelligents. Brisby se porte volontaire pour une mission : endormir le chat de la ferme, mais elle se fait prendre, et finit par s'échapper. Entretemps l'immonde Gener fait assassiner Nicodemus, qui nourrissait un grand projet pour les rats, et tente de prendre le pouvoir. Ses plans de rester à la base sont éventés lorsque Brisby revient et apprend aux rats que des scientifiques doivent venir le lendemain tout raser : il leur faut partir. S'ensuit un duel entre le jeune premier et Gener, qui meurt. Alors que le parpaing contenant ses enfants sombre dans la boue, Brisby les sauve grâce à un talisman légué par son mari, qui fait léviter sa maison hors de la boue. Happy ending (même le corbeau trouve chaussure à son pied).
Qu'il est encensé sur les vlogs, ce film (Nostalgia Critic, Mrmeeea). J'imagine que l'on ne l'apprécie vraiment que si on l'a vu étant enfant. J'entendais beaucoup de bien quant à sa profondeur, sa capacité à traiter de thèmes adultes. Bien sûr, il y a la maladie, et une violence qui n'est pas édulcorée (plusieurs fois, on voit du sang). Et les arrière-plans sont jolis, comme dans Taram. Mais le scénario me semble rempli de trous scénaristiques. Le talisman est un élément de résolution qui sort de nulle part ; on ne comprend pas bien quel était le grand rêve de Nicodemus ; même le flashback évoquant le secret de Nihm n'est pas clair sur bien des points. En fait, on l'impression qu'il manque des scènes au film, que Don Bluth avait des ambitions encore bien plus grandes qu'il n'a pas pu mener à leur terme. L'animation, ça va, ça a tout de même un peu vieilli par rapport aux canons d'aujourd'hui. La musique de Jerry Goldsmith est très bien.
Quant à l'univers, il repose sur la poésie du rapetissement : les animaux utilisent des objets des hommes plus grands qu'eux (une lanterne sourde devient un ascenseur, etc...). Mais certains passages m'ont donné l'impression d'être là juste parce que Bluth voulait faire de beaux décors : je pense notamment à la visite chez le hibou, juste là pour faire un décor de forêt sombre et d'araignées menaçantes.
Et j'irai même jusqu'à dire qu'il y a un sous-texte qui ne me plaît pas des masses. Les personnages-clés sont tous des rois qui ne disent pas leur nom, et l'aspirant-dictateur est au contraire un démagogue fourbe à la rhétorique bien huilée : on retrouve (par petites touches hein) la même idéologie Russe-Blanc que dans Anastasia. Je pense notamment au personnage au regard idiot qui dit "Si on votait ?", je n'ai pas trop aimé.
L'univers de Brisby hésite entre un univers réaliste ancré dans le quotidien et une sorte de dark fantasy à coup de miroirs panoptiques, de talismans, d'affrontement courage/fourberie, vérité/tromperie. Au fond, ce que j'aime le plus, c'est la fragilité de l'héroïne et sa ruse (la manière dont elle fait les yeux de bamby pour obtenir quelque chose du corbeau, personnage un peu énervant), c'est ce que je trouve de plus profond dans le film.
Un film original, avec des moments d'animation mémorables, mais dont je n'ai pas trouvé l'univers très bien ficelé ou émouvant. Si je l'avais vu petit, ce serait sûrement différent.