Après 14 ans d’absence c’est avec un plaisir certain que l’on retrouve Peter Bogdanovich, réalisateur des très bons « La Cible » et « La Dernière Séance ». Ses autres films demeurant bien moins mémorables, hormis peut-être « Daisy Miller ». Produit par Noah Baumbach et Wes Anderson, le dernier film à l’histoire inracontable de cet admirateur du Golden Hollywood prend place comme son peu inspiré mais évocateur titre français l’indique, dans l’univers du théâtre new-yorkais.


Construit comme un immense flashback l’histoire commence par une interview d’une comédienne, Izzy Finkelstein, qui raconte son ascension et qui explique avoir dans le passé servi de muse à plusieurs reprises. À l’époque call-girl à défaut d’être auditionnée, elle répondu au service d’un metteur en scène de théâtre, Arnold Patterson. Après une nuit d’amour et l’exposition de sa philosophie de vie à travers la célèbre réplique de Charles Boyer, Squirrels to the nuts dans « La Folle Ingénue », il lui fit promettre d’abandonner ce job indigne d’elle et de suivre ses rêves contre une belle somme d’argent. Vous imaginez la suite.


Bogdanovitch connaît ses maitres. Brooks, Sturges, Capra, Wilder, Lubitsch, ou plus récemment Allen il y a un peu de tout ça dans « Broadway Therapy ». Le film est livré à un rythme endiablé pour ne s’arrêter qu’à la toute fin avec un caméo inattendu. Rythme qui permet de ne pas saisir les quelques problèmes de scénario dont souffre le film. Oui c’est gros, le destin est forcé, et ça n’est pas toujours subtil, mais nous ne sommes pas là pour ça. Les situations cocasses abreuvent et les dialogues sont savoureux. Et surtout l’ensemble est servi par un casting aux petits oignons, dont les comédiens semblent tellement heureux de travailler ensemble sous les ordres d’un réalisateur qui use de son savoir faire pour livrer avec malice un divertissement léger et enlevé. Dans ses rangs on compte entre autres Owen Wilson (qui d’autre pour jouer ce metteur en scène très fleur bleue ?), Imogen Poots, Rhys Ifans, Kathryn Hahn, Will Forte, et Jennifer Anniston en psychanalyste intérimaire névrosée ou encore la brève apparition de Michael Shannon.


Plus fin qu’il n’en a l’air dans ce qu’il a à dire, le film s’arrête juste avant la saturation possible provoquée par ces allers et venus. Après « Birdman » dernièrement, le cinéma américain s’intéresse une fois encore au théâtre mais part son côté que ce dernier est le parfait réceptacle du défoulement de nos existences. À partir de l’argument éculé de la star ramassée sur le trottoir Bogdanovich nous offre à voir une comédie cocasse, qui malgré ses défauts, nous fait passer un agréable moment en compagnie de comédiens bien trop rares.


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LeBarberousse
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le 28 avr. 2015

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