Ce film est assez surprenant à plusieurs niveaux, et je le trouve plus abordable que Down by Law, le premier Jim Jarmusch que j'ai regardé.


A l'image de l'excellent film Le Plongeon de Frank Perry, Bill Murray fait face à son passé. On découvre petit à petit les relations qu'il a pu avoir, les conséquences de ses actes sur sa vie et celles des autres. Certaines sont heureuses de le revoir, d'autres beaucoup moins, on devine qu'il a eu un passé chargé de sentiments instables et de tromperies. Comme dans Lost in Translation sorti 2 ans plus tôt, Bill Murray joue un personnage blasé, qui lui convient parfaitement, et qui fait sentir une sorte de mélancolie, comme s'il avait des regrets vis-à-vis de son vécu.


Le personnage de Bill Murray, qui a toujours été le Don Juan, donc celui qui reste maître de la situation, est désormais déchu, et ne fait que subir : dès le début par sa femme qui le quitte, par la suite par son pote qui ne lui laisse pas le choix d'entreprendre cette aventure, mais encore par la suite. C'est l'impuissance de ce personnage qui le rend si attachant, d'autant plus que la recherche du fils peut être une occasion de rédemption.


Et ça deviendra finalement capital pour lui, jusqu'à hanter ses rêves, la recherche du fils devient un élément central : il doute même parfois de sa quête, et songe à l'abandonner, mais une force le pousse à continuer, comme un besoin de se prouver quelque chose. Il est en quelque sorte dans un purgatoire. Tout comme Don Juan, il finit par payer pour ses actes.


Tout le film se déroule dans une ambiance étrange, nous sommes vraiment dans une comédie dramatique avec des beaucoup de codes emprunts aux deux genres, il y a de nombreux fondus au noir dont la signification m'échappe mais qui finissent par devenir agréables d'un point de vue esthétique, d'autant plus qu'ils contrastent avec les fondus au blanc lors des rêves.


Bon, la fin est intéressante, car finalement, laisser tant de questions en suspens, ça a un côté très poétique, mais ça n'en reste pas moins très frustrant. Il y a un magnifique plan de fin, qui renferme Bill Murray sur lui-même, mais ça n'en reste pas moins difficile d'en terminer là.


Ça n'en reste pas moins une expérience agréable, légère et intelligente, un film qui se regarde facilement et qui possède un style assez unique, ça donne encore plus envie d'explorer le cinéma de Jarmusch.

Monsieur_Cintre
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le 15 mars 2019

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Monsieur_Cintre

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