Les adultes ont des raisons que les enfants ignorent. Tant mieux pour tout le monde, parce que les enfants aussi, ont des raisons insondables, le plus souvent. Du coup, les deux univers peuvent s'entrechoquer joyeusement (enfin, quand on a un peu d'humour et beaucoup de patience) quand les intérêts des uns et des autres divergent. Et c'est exactement pareil entre chiliens et étasuniens, hommes et femmes, vieux parents et enfants ou frères et sœurs. Un film sur l'inextrabilité des liens et l'incommunicabilité, donc, dans lequel les personnages - sauf les enfants - font souvent des efforts pour se comprendre, un peu en vain. Il s'en dégage une sorte de douceur inhabituelle dans le cinéma américain, à laquelle Brooklyn fait un écrin, car elle est filmée avec amour. Au centre de cet imbroglio familial et financier, une échoppe louée à un prix dérisoire à une commerçante chilienne par un vieil homme sensible à son charme, dont le fils, héritier de l'immeuble, essaie d'obtenir un loyer plus raisonnable, parce qu'il en a besoin pour dédommager sa sœur, lésée par le partage. Une situation compliquée et toute simple à la fois, que contribuent à tendre les deux ados de l'histoire, unis par une soudaine amitié qui ne semble faite que pour mettre leurs parents face à leurs contradictions. La chilienne a pris fait et cause pour l'ancien et soufflète sans filtre le fils en répétant ce que son père disait de lui... et on sait comme les parents ont le chic pour faire leur lecture à eux des destins filiaux. Bref, un mille-feuilles de tensions diverses, qui ressemble à la vraie vie, les jolies lumières systématiques en plus.