La spiritualité est un sujet à laisser aux anciens, semble nous dire Menash le personnage principal de Brooklyn Yiddish. Dans ce film, le personnage du rav (le rabbin) et du beau-frère de Menash ne permettent pas de dire le contraire. L'un est âgé, l'autre a complètement intégré les interdits hassidiques, il croule donc sous les années des autres.


Mais Brooklyn Yiddish veut-il parler de religion, de pratiques judaïques ? On n'est pas là pour les exégèses, pour les lectures de la Torah (qui se pratique en hochant vivement la tête) ; on est là, et on reste, pour Menash, figure iconique du loser cool (un peu à la The Big Lebowsky). Ici il est flanqué de son fils unique, assez cool lui aussi, l'affiche du film ne ment pas. Ils cherchent tous les deux quelques failles dans le système qui les a encadré depuis toujours.


Menash, veuf, vit sa vie tranquillement. Les règles hassidiques le contraignent à laisser la garde de son fils à son beau-frère, rigoriste parmi les rigoristes. Malgré tout il lutte, un peu, jamais frontalement, pour faire reconnaître son humanité et son droit de père. Au sein d'une communauté ancienne et hermétique, c'est en fait un immense acte de courage.


Brooklyn Yiddish est un beau film, jouant sur l'exotisme. On pensait connaître New-York et le cinéma ? Voici le Brooklyn juif, complètement dépaysant. On s'étonne de ses femmes, qui n'ont le droit qu'à la maternité, de cette scène brève en compagnie de latinos qui boivent une bière. On regarde la rigueur chez les autres, puis on se demande : "et moi, qu'est-ce qui règle ma vie ? Et qu'est-ce qui guide celle des autres ?"

Moray
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le 30 oct. 2017

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