Bullhead fait partie de ces claques cinématographiques qu'on rencontre que trop rarement, et qui vous marquent l'esprit comme nul autre film. Le réalisateur filme la Belgique paysanne comme personne, et propose une vision noire et décalée de cette guerre interminable entre Wallons et Flamands.

Si le scénario n'a absolument rien de passionnant, sous fond de trafic d'hormones pour faire grossir le bétail, l'essentiel est surtout ailleurs. Matthias Schoenaerts, en premier lieu, crève l'écran à chaque apparition, un charisme à couper le souffle, et son histoire personnelle est au centre des préoccupations. Si on identifie assez rapidement le caractère du personnage, monstrueux, écorché vif, sorte de bombe à retardement, on n'attend qu'une seule chose : le moment où ça va péter.

Si Bullhead est une réussite, c'est aussi parce que le cinéaste alterne habillement les genres, entre comédie et grotesque (voir les deux garagistes), drame (des vies de famille sont en jeu), et tragédie (quoiqu'il arrive, le destin est tout tracé). Sans oublier le petit brin de romance vite rattrapé par la fatalité. Un mélange tonitruant qui nous maintient scotché à l'écran, décidés à en découdre avec notre héros.

Enfin, le long métrage est d'un réalisme troublant, filmé en toute simplicité, des images épurées, des scènes sans artifice, sans effet grandiloquent. Pourtant, la mise en scène n'en reste pas moins exemplaire et parfaitement maîtrisée. La caméra, toujours plus proche de l'acteur principal, suffit amplement à nous offrir toutes les émotions imaginables. Respect.

Bref, il se dégage un sentiment général rarement vu auparavant, qui fait de Bullhead une oeuvre à part, à la fois brutale et poétique. On en viendrait presque à l'identifier au cinéma de Nicolas Winding Refn (cf : Drive), comparaison plus que flatteuse, qui montre à quel point Bullhead est envoûtant et passionnant.
badgone88
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films 2012, Les meilleurs films de 2012 et Les meilleurs films des années 2010

Créée

le 13 nov. 2012

Critique lue 415 fois

6 j'aime

badgone88

Écrit par

Critique lue 415 fois

6

D'autres avis sur Bullhead

Bullhead
Gand-Alf
8

Flesh and bones.

"Bullhead" est avant tout la révélation de deux diamants bruts. D'un côté, le belge Michael R. Roskam, qui fait preuve d'une maîtrise étonnante pour un premier film, digérant parfaitement ses...

le 24 avr. 2013

47 j'aime

2

Bullhead
Sergent_Pepper
9

Le monde crépusculaire de la mafia des bouseux

Film d'une grande intensité, qui explore sous toutes ses coutures la notion de brutalité. Par le bais de l'injection d'hormones, le protagoniste s'animalise progressivement avec une conviction...

le 20 juin 2013

45 j'aime

1

Bullhead
Vincent-Ruozzi
8

Testostérone au plat pays

On parle rarement des affiches de films ce qui est dommage car elles sont souvent le premier lien entre le spectateur et le film. L’affiche de Bullhead exprime à merveille toute la bestialité du film...

le 24 avr. 2016

36 j'aime

1

Du même critique

127 Heures
badgone88
8

Wow...

On pourrait parler longuement du générique du début qui dit tout sur le film (notamment le robinet qui coule au compte-goutte), des dernières images qui te disent d'aimer la vie même si tout le...

le 10 janv. 2011

25 j'aime

Random Access Memories
badgone88
5

Nouveau Virage.

Bon, autant être direct : je suis déçu. Random Access Memories, par rapport à ses aînés, est résolument plus funky, le côté électro étant légèrement mis en retrait, voire totalement effacé si on...

le 14 mai 2013

22 j'aime

2

Whiplash
badgone88
9

Jouissif.

Les tous derniers instants de Whiplash, ponctués par quatre minutes de folie pure en solo de batterie, m'ont plus ému que les cent-vingt minutes cancéreuses de Nos Etoiles Contraires. Où je veux en...

le 10 févr. 2015

18 j'aime