Exercice de Style au sommet...

(Ahah, see what I did there ?)

Au côté des coréens, les réalisateurs espagnols, de nationalité ou d'origine, semblent bien décidés à nous faire comprendre que le cinéma de genre peut encore, aujourd'hui, être fondamentalement renouvelé. En plaçant durant une heure un unique personnage dans un espace cloisonné (and that's an understatement), Rodrigo Cortès ajoute une immense pierre à l'édifice d'un style cinématographique souvent méprisé. Le résultat pourrait être extraordinaire, sauf que ...

Il faut être franc : vendre un long-métrage en huis-clos dans lequel Ryan Reynolds, enterré six pieds sous terre dans le désert Irakien, n'aura pour seul interlocuteur qu'un BlackBerry est tout sauf évident. Pour le grand public, ce genre d'annonce laisse facilement espérer frissons faciles et codifiés comme le vendent si bien les films d'exploitation du suspens réçent (de Saw aux Paranormal Activities). Pour les amateurs de ciné B, difficile d'être entièrement convaincu par un acteur principal cantonné aux comédies romantiques et un rôle sub-mineur dans l'infâme "X-Men Origins : Wolverine". Mais Rodrigo Cortès connait ses classiques, sait assumer ses influences, plus proches d'Hitchcock que de Schumacher (pour faire une comparaison facile et moyennement légitime avec "Phone Booth"). La gestion de l'espace, et les libertés parfois prises avec celui-ci; l'utilisation optimale de l'obscurité et des rares sources de lumières montrent un réel talent d'innovateur, une vaste réflexion sur les possibilités offertes par le média cinématographique. Je ne sais pas ce que sera son prochain film, mais je sais que je l'attends déjà.

Concernant l'autre élément phare du film : Ryan Reynolds assure. Vraiment. Les doutes sont vite balayés par une prestation juste, jamais caricaturale, qui atteint son point d'acme lors de brèves conversations téléphoniques que son personnage, Paul Conroy, parvient à obtenir avec sa mère, puis sa femme. Un peu lourdement écrites, ces scènes parviennent toutefois à tenir debout, soutenues à bout de bras par un acteur qui semble y croire vraiment, et parvient ainsi à nous convaincre à sa suite.

Parce que finalement, si ce film pèche quelque part, ce serait bien au niveau du script. Si Cortès fait des miracles avec ses moyens et le temps qui lui fut imparti (17 jours de tournage seulement), le scénariste Chris Sparling offre un travail inégal, dans lequel 1H10 d'écriture d'une intelligence rare se voit contrebalancée par quelques effets moyennement crédibles, servant juste à mettre en scène des séries d'événements dédiées uniquement à enfoncer le personnage un peu plus profondément dans la merde où il se trouve déjà. Surtout, Sparling parvient à foirer un peu tristement l'élément qui aurait pu transformer ce film en instant cult classique : une fin qui tape. Le problème est compris, et le scénariste tente de nous la jouer à la Saw, mais échoue, de peu (la dernière image restant, à mon avis violemment poignante).

TL;DR : Travail de réalisation top notch, grande prestation de Reynolds, et fin en deça des attentes causées par un ensemble exceptionnellement intéressant.
Warden
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le 10 nov. 2010

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