Yann Gozlan revient à la série B, genre qui l’a fait connaître il y a sept ans avec le plutôt bon « Captifs », et cela de manière assez étonnante lorsqu’on sait qu’il a été couvert de succès critique et public grâce à « Un homme idéal » avec Pierre Niney par la suite. Peut-être le besoin de retrouver une production plus intime où il a les coudées franches plutôt que d’enchaîner sur une grosse production ou tout simplement un besoin de challenge. Dans tous les cas, « Burn out » développe tous les atours de ce type de production à budget correct, sans star mais avec de l’ambition et qui prend comme principal argument ici la moto. Cependant, on n’est pas du tout dans un « Fast and Furious » à la française sur deux roues mais plutôt dans un polar où celle-ci est un accessoire récurrent plutôt qu’une toile de fond. En effet, le film ne se situe que très partiellement dans le milieu des bikers et il ne faut pas s’attendre à des cascades en moto ni à beaucoup de course-poursuites, celles-ci étant malheureusement assez rares. A ce niveau, on ne peut donc s’empêcher d’être déçu tant il y avait à faire dans ce domaine assez déserté par le cinéma français, alors que notre pays n’est pas exempt de bons cascadeurs si l’on se remémore la grande époque de Rémy Julienne et consorts ou même des « Taxi ».
Il faut donc ne pas compter sur des scènes d’action à couper le souffle en dépit d’une séquence d’émeute dans les cités plutôt pêchue et bien stressante qui vous colle à votre siège. Le scénario n’est pas mauvais mais il reste très basique entre règlements de comptes, dette à payer, trahisons et rivalités entre gangsters sur fond de trafic de drogue. On est donc sur des chemins très balisés mais c’est exécuté avec réalisme et soin. Les personnages ne sont guère fouillés mais François Civil se débrouille pas mal pour sa première tête d’affiche quand Olivier Rabourdin, toujours excellent, apporte quelques nuances à un rôle de caïd qu’on n’aurait pas pensé lui attribué. Les scènes de go fast à moto sont peut-être un peu trop redondantes et peu variées mais elles apportent tout de même un stress contagieux que l’on partage avec Tony, le protagoniste principal. On apprécie également la fin un peu surprenante mais qui ne satisfera pas les amateurs de happy-end et, au final, on suit « Burn Out » sans déplaisir ni ennui. Même si on aurait aimé que cette petite série B ait plus d’ampleur et de coffre, comme le laissait présager son sujet original dans le paysage cinématographique français.