Le beau film de Lee Chang-Dong distille savamment de purs blocs de cinéma au travers d'une très contemporaine histoire de triangle amoureux. L'intrigue aux relents faulkneriens jouera également de la référence à Antonioni lorsque la jeune femme, solaire et lunatique Haemi, disparaîtra. Jong-Soo, petit gars hébété de la campagne, aspirant écrivain tombe amoureux d'elle dans un premier temps. Des retrouvailles sur un tas de souvenirs de jeunesse plus ou moins embarrassants, plus ou moins oubliés. Artisan du détail subtil, le cinéaste installe ses personnages dans une ample et paisible mise en scène qui culmine au moment d'une superbe danse crépusculaire à la frontière avec la lumière et avec la Corée du Nord. Haemi s'absente, revient de voyage avec Ben, un "Gatsby" de plus dans Séoul et le film enregistre toute cette perturbation avec une belle justesse jusqu'à un dénouement sanglant et, faut-il le rappeler, brûlant... "La beauté mystérieuse, si minime, si légère qu'elle soit... "