Le mot est lancé "métaphore".


Si jusqu'à la fin vous restez dubitatif, rappelez-vous que derrière une apparence poétique se cache en réalité un langage symbolique. Ce film est une boîte à double fond qui peut paraître vide pour certains alors qu'elle recèle des merveilles pour d'autres. Même les longueurs ont pour objectif de vous permettre de méditer sur leur piste (aux symboles : politiques, idéologiques, socio-psychologiques etc). Les réponses seront dans chaque geste, chaque mot, chaque regard, chaque échange aussi anodin paraisse-t-il, rien n'est laissé au hasard. L’œuvre incarne bien ce fait que plus l'on observe avec subtilité et plus l'on accède à des informations. Beaucoup de choses sont abordées à demi-mots mais à la fin tout à de l'importance pour comprendre la profondeur, voire la gravité.


Un vide apparent qui dissimule beaucoup de détails donc:


Ça va jusqu'à la réplique de la mère de Jongsu qui avoue que si c'était à refaire, plus jeune, elle aurait volontiers vendu l'un de ses reins. Un symbole dans le scénario qui pourrait mettre sur la piste d'un suicide orchestré de Hae-Mi qui lâche qu'elle est pour Ben "digne d'intérêt" pour lui. On prendra alors le temps de méditer sur la question; Hae-Mi aurait-elle emprunté à sa sœur (comme cette dernière l'a dit à Jongsu dans le restaurant) dans le but de se payer une ultime "danse de la grande faim" (elle a "faim de connaissances" et voudrait "toucher les étoiles") en prenant Ben "le magnifique" comme Maestro et accompagnateur (plutôt rentable comme job). Ben et Hae-Mi seraient alors bien plus complices qu'on pourrait le comprendre de prime abord ou simplement à travers le regard de Jongsu le passionné. On ne manque pas de noter que Hae-Mi a goûté à la révélation mystique lorsqu'elle raconte son expérience du couché du soleil en Afrique. Ce qui expliquerait qu'elle pourrait verser dans une de ces démarches particulières ultimes ou discutables. Outre le passage de sa gracieuse danse torse nu cette fois, j'aime particulièrement la scène où Ben lit les lignes de la main à Hae-Mi. Je trouve ce passage profond et beau. Ben dit modestement qu'il est prêt à tout pour faire une bonne blague mais maintenant ça ne vous échappera pas que cette réplique renvoie au moment auparavant où il dit qu'en gros son passe temps favori c'est de s'amuser. Il est définitivement subtil et le spectateur se doit de percer son secret. Ne pensez-vous pas qu'il pourrait faire ce type d'activité et en être rémunéré par ces "victimes" ?

Miss-t_Kali
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 24 mai 2019

Critique lue 139 fois

Miss-t Kali

Écrit par

Critique lue 139 fois

D'autres avis sur Burning

Burning
EricDebarnot
9

L'avventura du petit paysan

Grand admirateur de Murakami dont la prose élégante et minutieuse et le fantastique brumeux sont si difficilement transposables au cinéma, mais aussi confiant dans le talent du rare Lee Chang-Dong...

le 11 sept. 2018

89 j'aime

10

Burning
Rometach
5

Feu de paille

[Remarques générales. Je n'ai pas envie de juger et noter des films que je n'ai vus qu'une fois, souvent avec peu de connaissance du contexte de production. Je note donc 5 par défaut, et 10 ou 1 en...

le 22 mai 2018

53 j'aime

16

Burning
Velvetman
8

I meet the devil

Habitué du Festival de Cannes, Lee Chang Dong revient sur la Croisette avec Burning, œuvre qui adapte Les Granges brûlées du Japonais Haruki Murakami. Long et faisant parler les non-dits, Burning...

le 29 août 2018

45 j'aime

4

Du même critique

Burning
Miss-t_Kali
8

Tout en subtilité !

Le mot est lancé "métaphore". Si jusqu'à la fin vous restez dubitatif, rappelez-vous que derrière une apparence poétique se cache en réalité un langage symbolique. Ce film est une boîte à double...

le 24 mai 2019

Le Syndrome Copernic
Miss-t_Kali
9

Une agréable immersion dans une SF presque palpable.

Avec le Syndrome Copernic, j'ai fait la permière expérience de lecture audio et je ne le regrette pas. Par une porte dérobée, celle de la science fiction, on se faufille ici dans l'univers conspi,...

le 30 mai 2018