Vu tranquillou bilou dans mon canapé.
Les vingts premières minutes mettent l'eau à la bouche, la rencontre impromptue charme Jong-So autant que le spectateur, déroutés par la très avenante et entreprenante jeune fille. Ensuite, c'est très joli, une colorimétrie choisie prodigue une ambiance singulière à chaque scène et l'on saisit bien les doutes qui embrasent chacun des personnages : l'incrédulité de ce grand bourgeois oisif et hautain, convaincu de son intouchabilité et du pouvoir de l'argent, et sa surprise d'être concurrencé par un pécore rêveur ; le soupçon pour l'amoureux désœuvré, spolié de la lumière au bout du tunnel désolant et misérable qu'est sa vie; le paradoxe de cette jeune femme et sa volonté d'être désirable au présent qui la ramène inexorablement vers une anodine mais assassine phrase du passé. Les thèmes sont nombreux et la photo de vie coréenne intéressante.
Bien mise en scène et, encore une fois, très esthétique, cette présentation s'étend sur deux heures, montre en main.
Que c'est lent ! Que c'est long !
Le (faible) suspense et la violence, exutoire pour l'un d'eux, arrivent trop tard pour revigorer une exposition trop appliquée et lambinante. De plus, entre deux masturbations, le personnage principal communique autant d'émotions que Ryan Gosling dans Drive, le charme en moins. Dommage, le scénario, classique mais riche et vénéneux, méritait davantage de punch.
Burning n'est certainement pas un mauvais film mais malgré son atmosphère évanescente et d'évidentes qualités, je suis resté bien tranquillou sur mon canap'.
Tant pis, je vais retourner voir Alfred et son Suspicion.