Ce western marque une date importante en 1969 car il pulvérisait les conventions du western traditionnel tel qu'on avait pu le voir chez les grands maîtres des années 50, c'est un film typique du Nouvel Hollywood. Le réalisateur mise surtout sur le côté picaresque et l'humour, des éléments plutôt étranges dans un western mais qui ici fonctionnent bien, à l'image de cette célèbre scène de bicyclette sur la chanson de Bacharach "Raindrops keep fallin' on my head". Dans la chanson, il y a aussi la liberté avec les paroles "Because I'm free" qui symbolisent parfaitement ces 2 hors-la-loi d'opérette, un peu à côté de la plaque, qui s'amusent à voler des banques, à piller des trains et qui ne comprennent pas qu'on perde son temps à les pourchasser.
Le film est riche en surprises, traité sur un ton léger, avec de l'ironie, une folle fantaisie et de l'humour noir dans les dialogues entre le duo de stars Newman/Redford, et se rapproche bizarrement du Bonnie & Clyde d'Arthur Penn. Il manque cependant le charme et le lyrisme qui ont toujours marqué les grands westerns de John Ford, d'Anthony Mann ou de Howard Hawks qui témoignaient d'une vraie personnalité et d'une sensibilité qu'on ne retrouve jamais dans ce film trop décontracté.
La psychologie des personnages n'évolue guère, il ne reste que l'amitié qui soude les 2 héros incarnés avec jovialité et décontraction par Newman et Redford, atout majeur de ce film. Je ne peux pas dire que j'aime vraiment cette relecture de western qui fait figure d'iconoclaste dans un genre qui à l'époque était en crise, voire quasiment moribond car laminé par le western italien de Sergio Leone. En fait, il ne se passe pas grand chose dans ce western, ça se réduit à quelques attaques de trains et des galopades à travers la nature jusqu'en Bolivie qui marque le bout du chemin pour Butch et le Kid. La désinvolture et l'insouciance qui mettent un peu à mal un genre que j'adore dans sa forme classique ne me conviennent pas tellement, mais je reconnais que le film a quelques qualités et de nombreuses scènes inoubliables : l'explosion du wagon, le saut dans les rapides, la bicyclette et Newman qui se casse la gueule, les blagues de Butch, les dernières scènes en Bolivie avec des ralentis, mode héritée de Peckinpah dans la Horde sauvage... Bref, un western pas sérieux mais par moments tout juste plaisant.

Créée

le 14 mars 2018

Critique lue 1.3K fois

28 j'aime

19 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

28
19

D'autres avis sur Butch Cassidy et le Kid

Butch Cassidy et le Kid
DjeeVanCleef
9

Rest In Paz

C'est marrant mais j'aurais jamais crû trembler à la vue d'un canotier blanc. On est peu de chose en fait. On se croit costaud, à l'abri de la trouille et non, on flippe quand même. On a beau être...

le 16 août 2014

81 j'aime

16

Butch Cassidy et le Kid
Kalian
10

I don't mean to be a sore loser, but when it's done, if I'm dead, kill him.

Butch Cassidy et le Kid se concentre sur les errances de ses deux personnages éponymes après le démantèlement du Hole-in-the-Wall Gang. L'originalité et la qualité de ce western résident avant tout...

le 27 oct. 2010

61 j'aime

16

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

121 j'aime

96

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

Blondin, Tuco, Sentenza : le trio magique

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

95 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 4 déc. 2016

94 j'aime

43