La relation de Clara (Gemma Arterton, BB anglaise sensuelle en diable) avec ce gars mort de chagrin --- et qu'elle s'apprêtait à sauter --- illustre bien le film et la douloureuse frustration qu'il engendre. Neil Jordan aurait dû développer le lien (affectif ou pas) qu'entretiendra désormais la ravissante et redoutable femme avec son sauveur, victime potentielle.
D'autant plus qu'à ce moment précis du film, le spectateur s'attend à ce que le réalisateur fasse ainsi. Clara, la vampire dont la brutalité... tranche avec la douceur et l'altruisme de l'autre (plus jeune) fait en effet montre ici de tendresse et de compassion.
Les deux undead semblent alors devoir continuer à s'opposer mais sans manichéisme.
La soudaine sollicitude de Clara promet un beau tableau, léché, sur l'âme humaine, les vampires
(les deux femmes, mais aussi les autres)
pouvant être vus comme une allégorie de l'existence humaine, du rapport de l'Homme au passé, à la mémoire, à la mort...
Attentes déçues
Hélas, si le metteur en scène britannique plante de beaux décors, il ne fait que survoler ces sujets (les personnages comme les thématiques), peine à conduire son histoire.
Eut-il dû les inscrire dans la même veine (jugulaire) que son Entretien avec un vampire (1994) ?
( je pose la question, étant donné que mes souvenirs, tout en étant vagues, m'incitent à penser que le travail de Jordan à l'époque était scénaristiquement bien plus solide)
Car dans ce nouvel opus, esthétiquement réussi, le spleen des vampires, leur damnation, la vie éternelle, les choix existentielles, leur vision du monde et des humains, etc., tout cela manque de consistance, de liant, tourne en rond (et pas seulement à cause des multiples flashbacks).
Un joli thriller érotico-gothico-gore au propos trop... byzantin.