(Bon, je suis allé voir le film un vendredi soir mais c'est pas grave...)


Après la déception que fut pour moi le téléfilm de 1990, que j'ai trouvé beaucoup trop long et qui a très mal vieilli selon moi, j'avais à coeur de me rattraper en visionnant le film d'Andres Muschietti. J'étais persuadé qu'il allait beaucoup plus me plaire étant donné les retours très positifs de mes amis et de mes éclaireurs, ainsi que la bande-annonce qui m'avait fortement hypé. Résultat ? Le film a même dépassé toutes mes attentes.


Le Ça version 2017 est un rafraîchissement qui est plus que bienvenu, dans un monde où les remakes deviennent la norme et nous font perdre l'espoir sur la capacité du cinéma à se renouveler et à inventer de nouvelles choses. Alors, certes, la version du réalisateur argentin n'est pas un remake à proprement parler, il s'agit plutôt d'une réadaptation du livre de Stephen King, mais pour le coup je l'ai trouvé utile étant donné l'ancienneté du téléfilm et son côté très cheap. On sent qu'Andres Muschietti s'en est forcément inspiré, mais il a vraiment réussi à créer un univers qui lui est propre et a apporté une touche personnelle indéniable qui rend le film très bon et qui a su contenter les lecteurs du livre (dont je ne suis pas personnellement).


En effet, sa mise en scène est tout bonnement excellente. Il a su retranscrire parfaitement une ambiance très inquiétante par moments, et dès le début du film le ton est donné.


La mort de Georgie sous cette pluie battante est particulièrement violente et annonce bien la couleur de ce que sera le film, mieux vaut éloigner les enfants.


Les plans proposés de la ville de Derry m'ont bien plu, c'est une ville dans laquelle on aurait sans doute envie de vivre s'il ne s'y déroulait pas ces événements étranges tous les 27 ans. Les formes que prend Ça sont vraiment flippantes, en particulier le clown Grippe-Sou, dont le design m'a beaucoup plu comparé à la version de 1990 et excellemment interprété par Bill Skarsgard.


Alors certes, à part quelques jumpscares, vous ne mourrez pas de peur en allant voir ce film, sauf si vous avez 12 ans ou êtes extrêmement émotifs (comme ma voisine de siège qui a poussé un énorme juron à haute voix lors d'une des apparitions soudaines de Grippe-Sou), mais néanmoins le film réussit à nous rendre inquiets pour cette bande d'enfants tout du long, d'autant plus que ces personnages sont tous extrêmement attachants.


Et c'est sans doute ça (euh... cela), la plus grande force du film, ce groupe des ratés dont les interprètes ont, je trouve, tous été très bien choisis. La longueur du film (2h15) permet de donner à chacun une personnalité propre, et extrêmement bien travaillée, comme c'était déjà le cas dans le téléfilm : ainsi, on a Bill le bègue intrépide, Richie le blagueur (interprété par un acteur de Stranger Things extrêmement brillant), Ben l'érudit en surpoids, Beverly la petite bombe courageuse (et sosie d'Amy Adams), Stanley le juif trouillard, Eddie le malade imaginaire et Mike, bah... Mike quoi. Certains personnages comme Richie contribuent à donner un ton plus léger et humoristique au film, et cela colle parfaitement, l'humour faisant mouche presque à chaque coup. Le rythme du film est globalement très bien géré parce que justement, on alterne entre scènes d'épouvante et scènes très légères.


La scène où ils se baignent dans la rivière m'a beaucoup plu, et le moment où tous les garçons matent en même temps Beverley est particulièrement drôle. A l'inverse, la scène de la salle de bain est tellement horrible que je ne regarderai plus mon lavabo de la même façon quand j'irai me brosser les dents.


Cette alchimie est assurément l'un des grands tours de force du film.


Les péripéties des personnages sont très plaisantes à suivre grâce à ces jeunes acteurs dont le potentiel est immense et que j'ai hâte de retrouver dans leurs prochaines productions. J'ai d'ailleurs trouvé que c'était une excellente idée de consacrer entièrement ce film à l'enfance, et de laisser de côté pour plus tard le monde des adultes. Je trouve que les films où les protagonistes sont des enfants sont bien trop rares, et c'est bien dommage, tant cela apporte un vent de fraîcheur indéniable au monde du cinéma. Stranger Things avait relancé cette mode, et c'était une réussite totale.


D'ailleurs, un des seuls défauts du film, ce sont les personnages adultes, heureusement rares, mais vraiment clichés : le père obsédé de Beverley, la mère trop protectrice d'Eddie, le policier... Globalement je les ai trouvés ratés et estime qu'ils n'apportent pas grand chose à l'intrigue, car presque pas présents, mais si c'est aussi comme ça dans le livre, je respecte totalement.


Mais à part ça, je n'ai quasiment rien à reprocher au film : aucune longueur n'est à déplorer, et même si je n'ai pas beaucoup eu peur, j'ai vraiment passé un excellent moment. La bande originale, sans être incroyable, est réussie, et se marie toujours très bien avec ce qu'on voit à l'écran (j'ai particulièrement aimé la chanson qui accompagne le passage où les enfants nettoient la salle de bain). Le film arrive même à nous émouvoir :


La scène où Grippe-Sou tombe dans le puits à la fin et où tous les héros se rassemblent et pleurent la mort de Georgie, ainsi que l'épilogue qui s'ensuit où ils se promettent de revenir à Derry au cas où le monstre revient, puis le baiser entre Bill et Bev, tout ça m'a presque tiré quelques larmes (j'ai bien dit presque, je vous rassure).


Ça version 2017 est donc une réussite quasi-totale. De par sa réalisation extrêmement soignée et grâce à son jeu d'acteurs vraiment époustouflant au vu de l'âge des protagonistes, Andres Muschietti frappe un grand coup dans le monde de l'horreur, et nous montre qu'à défaut de créer un film original, on peut réussir à faire une adaptation de très bonne qualité. L'attente va désormais être longue jusqu'au chapitre 2, et je crains qu'on perde de la magie du premier volet du fait de l'âge des protagonistes qui va changer, mais en même temps, je voue désormais une confiance aveugle au réalisateur argentin. Allez çalut !

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le 23 sept. 2017

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Albiche

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