Il fait déjà presque nuit lorsque ma petite sœur de 13 ans, mon meilleur ami et moi-même commençons notre route vers le cinéma dans les ruelles de ma ville. C'est moi qui ai donné l'idée (comme d'hab pour les films d'horreur, d'ailleurs). Convaincue par les extraits et quelques critiques aperçues ça et là, je voulais voir ce qui faisait tant jaser sur Internet...


Arrivés au cinéma, le hall est bondé, et c'est déjà le début de l'horreur pour moi (#agoraphobie). Enfin bref, je peux bien supporter la proximité humaine le temps d'une séance. Nous nous installons là où nous pouvons car la salle est elle aussi pleine à craquer, et quelques pubs plus tard, Ça commence.


J'aimerais vous convaincre que Ça est un bon film d'horreur sans en être un. Étrange, n'est-ce pas ? Et pourtant c'est bien l'impression que j'ai eue en sortant de la salle de cinéma.


Ça est brillant dans sa réalisation : il pallie à tout les défauts des récents films d'horreur putassiers en préférant une approche par l'horreur psychologique (très en accord avec le thème, d'ailleurs), mais il ne s'en contente pas. Le gros, gros point fort de ce film, c'est son éventail de personnages. Tous sont résolument et profondément humains, ce qui rend certaines scènes bien plus efficaces (là où d'autres films peinent à nous attacher aux personnages et où, bien souvent, la mort de l'un d'entre eux est plutôt une satisfaction). Ce n'est pas vraiment un spoil car cela intervient rapidement :


Lorsque Georgie perd son bateau et devient par la suite la première victime du clown, j'ai vraiment eu l'impression que cette scène était un petit coup de génie. On commence déjà à s'attacher aux deux personnages pendant la scène précédente, où l'on devine les deux frères très complices, mais en soi jusque là, rien de transcendant. C'est la conversation entre Georgie et Pennywise (désolée, version française, mais je ne peux résolument pas l'appeler "Gripsou") qui permet de s'attacher au petit garçon. Par un seul échange, le film nous permet de découvrir l'antagoniste dans toute son horreur et de nous attacher à ce petit garçon qui sympathise dangereusement avec lui mais aussi avec nous par la même occasion.


En dehors de cela, Ça a d'autres très bonnes cartes dans sa manche : une esthétique macabre et fascinante, une bande-son aux petits oignons, un casting très bien trouvé (mention spéciale à la sublime actrice qui joue la jeune Beverly) et quelques scènes bien flippantes sans jamais virer dans le gros cliché risible.


Il est peut-être temps de préciser que je n'ai, pour l'heure, pas encore lu le livre ni vu le film original. Mais je compte pallier à ça rapidement et peut-être que ma note changera. Pour l'heure, j'ai tout simplement adoré ce film car j'y ai trouvé tout ce qui manque dans les films horrifiques modernes. Et c'est là que j'explique pourquoi Ça n'est pas vraiment un film d'horreur à proprement parler : c'est l'aventure d'une bande de gamins en perdition qui doivent affronter leurs plus grandes peurs. Dans Ça, il y a l'horreur macabre du monstre et de ses actions, il y a l'horreur des visions qu'il impose aux enfants, mais il y a aussi l'horreur humaine d'un père qui s'accapare sa fille, l'horreur d'une mère poule (ou plutôt dinde...), l'horreur d'un père-flic violent...


Pour clore cette critique, parlons de Pennywise. Ce clown tueur est un antagoniste génial, aussi effrayant que fascinant. Son esthétique et son comportement oscillent entre grotesque et paranormal, ce qui le rendrait presque sympathique (mais comme je suis un peu cinglée, je ne sais pas si cette observation est valable).


Après le film, nous avons laissé mon meilleur ami rentrer seul, ce qui n'aurait pas été une bonne idée à Derry... mais dans ma ville, la seule chose que les habitants doivent craindre, c'est la Reine des Non-Morts qui rôde parfois...

No-Life-Queen
8

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le 24 sept. 2017

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No-Life-Queen

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