Le Ça d'Andy Muschietti n'est pas un film d'horreur. Un comble pour un film que l'on nous vend comme l'un des plus grands succès commerciaux de l'histoire du cinéma horrifique. Pourtant c'est dans son approche psychologique et le sentiment inconfortable d'être mis devant un grand drame sur l'adolescence qui apporte une cohérence aux personnages de ces gamins dont les cauchemars du quotidien naissent avant tout d'un sentiment d'abandon des adultes.
Visuellement, le film est une totale réussite. Une mise en image impeccable mettant en avant un univers ténébreux à la fois attirant, car jouant sur la nostalgie et la mémoire infantile et repoussant, car mettant en branle l'imaginaire du rapport des adolescents avec l'univers implacable de leur quotidien. Des thématiques dures sont abordées de manière frontale. On y parle des horreurs de l'inceste et de la maltraitance infantile et de l'horreur qui en découle.
Du point de vue de la mise en scène, Muschietti réussit quelques scènes touchant à la poésie pure, deux scènes particulièrement, la scène du lac et le pacte du sang, m'ont personnellement réellement touché.
En revanche, c'est dans le domaine de l'horreur que ce réalisateur pèche. Tout d'abord le film ne fait pas réellement peur. On a pu avoir quelques frayeurs beaucoup plus fortes chez James Wan récemment par exemple dans le domaine de l'horrifique grand public. Trop empruntée et chargée de poncifs à répétition, la réalisation sombrent la plupart du temps dans le grand-guignol outrancier, et c'est justement cette démesure là qui achève toute potentialité d'accélération du trouillomètre.
Le Pennywise interprété par Bill Skarsgård quant à lui, fait plus pensé au personnage du Joker dans Batman, qu'à un clown dément. J'ai personnellement préféré l'esthétisme du personnage interprété par Tim Curry dans la version kitsch télévisuelle. Reste une scène totalement autre où il se met à entamer une danse démente avec le corps tout démantibulé et la tête qui reste immobile où la folie du personnage ressort miraculeusement.
C'est donc avant tout dans les idées de mise en scène et les quelques fulgurances visuelles que le film prend visuellement toute sa valeur. Andy Muschietti s'avère un excellent peintre du macabre et un véritable créateur d'ambiance. Il sait également bien rendre à l'écran le sentiment d'abandon dont les gamins sont les victimes, et parvient à donner au film une dimension poétique indéniable par plusieurs moments de grâce esthétisants.
Aidé par une jolie bande son signée Benjamin Wallfisch, la mise en scène de Muschietti parvient à faire oublier les scènes d'horreur graphiques pas vraiment réussies car trop outrancières.
Si l'on fait abstraction du fait qu'il se catégorise horreur, on assistera à un beau film sur les errances du monde de l'adolescence dont les adultes semblent être les seuls responsables des peurs.