Avant-propos. Je n'ai pas encore lu le livre d'origine, et je n'ai regardé pour la première fois le téléfilm de Tommy Lee Wallace que très récemment. Donc pas de comparaison possible avec l’œuvre d'origine, ni même d'effet nostalgique. Néanmoins cela ne m'empêchera de comparer les adaptations.


It adapte la première époque du roman de Stephen King, celle durant laquelle les protagonistes sont enfants. Des enfants différents de leurs camarades, mis à l'écart, pourchassés par les petites brutes de leur école, et qui devront vivre le temps d'un été une aventure hors de portée des adultes. Dans la mesure où la suite se déroulera - comme le téléfilm - à l'époque de sa production, et que l'histoire fonctionne sur un cycle de 30 ans, je vous laisse calculer quand se déroule ce long-métrage. Nous allons donc suivre une bande de gamins différents de leurs camarades, mis à l'écart, pourchassés par les petites brutes de leur école, et qui devront vivre le temps d'un été une aventure hors de portée des adultes dans les années 80. Cela vous rappelle quelque chose ?


C'est le problème que j'ai eu avec Super 8, et la raison pour laquelle je n'ai pas encore regardé Stranger Things : il semble impossible pour les Américains de produire quoi que ce soit en rapport avec les années 80 qui ne convoque pas les productions Amblin (coucou le poster Gremlins au-dessus du lit du héros), Stand by Me, John Hugues, et les séries TV de l'époque (l'habituel caméo de David Hasselhoff étant remplacé par un t-shirt de Supercopter). Je ne doute pas une seule seconde que cela corresponde à l'intrigue du roman, il n'empêche que la reconstitution parait par moments très artificielle.


Et le clown, dans tout ça ? J'y viens. Avec tout le respect et l'amour que j'ai pour Tim Curry, si je n'avais qu'une seule chose à sauver dans cette nouvelle adaptation, ce serait l'interprétation de Bill Skarsgård dans le rôle de Ça. Glaçant à souhait. Même si une utilisation plus prononcée d'effets pratiques en lieu et place des CGI parfois au rabais du film aurait été une bien meilleure idée. Et que nous regretterons qu'au final, Ça ne serve pas à grand chose. Car, maintenant que j'ai cité le point fort du métrage, il convient que je passe au point faible : son écriture.


Il s'agit d'un problème qui touche cette production à plusieurs niveaux. Le scénario repose sur sept personnages principaux, qui ont tous leurs spécificités et leurs traumas, ce qui les pousse à former un groupe soudé et à lutter ensemble contre des ennemis communs. Sauf que le film n'arrive pas à nous faire croire en eux en tant que groupe, sans compter que certains protagonistes en phagocytent d'autres. C'est d'autant plus flagrant comparé à l'adaptation des années 90, qui avec 45 minutes de moins arrivait à nous les rendre à la fois plus attachants et plus crédibles.
Ceci dit, le principal défaut, c'est que Ça n'apporte rien à l'intrigue. Ses premières apparitions ne servent qu'à ponctuer le quotidien des personnages, lesquels ne leur donneront de l'importance et une signification qu'une fois qu'ils auront compris y avoir tous été confrontés. Cela ressemble plus à des passages obligés qu'à des scènes possédant un vrai propos narratif. Car même sans Ça, ils vivraient déjà des aventures, ils auraient déjà un passé riche et compliqué à gérer, et ils auraient déjà un quotidien bien loin d'être rose. En particulier Beverly : ce qui lui arrive dans sa vie privée s'avère bien plus terrifiant et passionnant que son combat contre un clown démoniaque. Ce qui signifie que les scénaristes ont bien su développer son arc personnel, mais implique aussi qu'ils n'ont pas réussi à rendre l'antagoniste plus intéressant. En enlevant Ça, It aurait pu être meilleur. Paye ton paradoxe !


Il faut reconnaitre à cette production qu'elle ne recourt pas trop aux artifices actuels du cinéma d'horreur hollywoodien, en particulier les jump scares (même s'ils n'ont pas disparu pour autant). Il parait miser plus sur l'ambiance, quitte à frôler parfois la caricature, comme lorsque le groupe explore une demeure abandonnée sans penser qu'ils devraient éviter de se séparer. De fait, certains passages horrifiques fonctionnent. Mais comme mentionné tantôt, les moments les plus effrayants ne sont pas ceux recourant au fantastique, mais bien ceux n'impliquant que des humains dans toute leur horreur. Ce qui est sans doute tout sauf un hasard avec un auteur comme Stephen King. Mais le film essaye malgré tout de nous vendre un récit d'horreur avec un clown tueur. Ce qui le rend complètement schizophrène. Et à défaut de savoir ce qu'il veut nous raconter, il ne remplit aucun de ses objectifs.

Ninesisters
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le 10 sept. 2017

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Ninesisters

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