Muschietti il a bu un coup d'trop. Le film a le défaut évident d'être trop long avec une structure narrative laborieuse qui ne parvient pas à faire flotter l'intéressant du récit au dessus d'un marasme de souvenirs qui reprennent tant bien que mal l'héritage (faiblard) du premier volet.


1) Les ratés : rassemblement !


La narration suit la même trame que celle d'Avengers Endgame. D'abord le groupe se rassemble après 27 ans de séparation. Les souvenirs ont disparu et le côté "con-con" du film arrive très vite en 5ème vitesse. Ensuite s'enchaîne au milieu une série de sketchs "horrifiques" impliquant chacun des personnages qui sont autant de voyages dans le temps qu'Avengers Endgame opérait pour récupérer les pierres d'infinités. Sauf qu'ici ce sont des artefacts à rassembler dans un pseudo-sac de l'infinité issu d'une malédiction ou d'un truc comme ça. Bref tout pareil qu'Endgame jusqu'à la dernière "bataille" : une redite de celle du premier volet qui se jouera comme un boss de jeux-vidéos dans sa forme finale, en plus grosse plus forte donc, dans les images seulement. A la limite la fin


(dans son esprit "clown-shaming" libérateur et visuellement au dessus du reste des circonvolutions numériques du film)


relève un peu le niveau du film, telle une épiphanie relative après 2h30 d'histoire mal montées, et pas forcément lisibles. Muschietti saupoudre tout cela de petites réflexions "méta" sur le métier de réalisateur et les adaptations de livres qui trouvera son pinacle avec un caméo qui ne permettra pas vraiment de comprendre pleinement ce qui se cache derrière cette réflexion de côté : un aveu d'échec sur la fin de l'histoire ? Une ironie bien pensée sur la déception des adaptations récentes de Stephen King ? La dimension réflexive de l'oeuvre peine donc à gonfler les ballons.


2) Acteur y es-tu ?


Mike Hanlon passe de l'enfant effacé à l'adulte "fonction" qui fera converger l'action grâce à son étude sans relâche du phénomène "Ca" et du moyen de l'exterminer. Les autres sont tout autant enfermés dans leurs fonctions. D'ailleurs l'un d'eux le comprendra dès le début et préférera donc se retirer de l'histoire sans crier gare. Pour le reste il y a le comique, l'ex-"gros "comme le film aime tant à le rappeler avec finesse, celui qui bégaie, la femme subissant les coups de son mari et les hommes définis par leur réussite sociale etc etc. Le problème c'est que le développement des personnages et de leurs traumas respectifs est, malgré la longueur, trop cliché, faisant poindre parfois une cruauté maladroite. Il paraît qu'il y a Jessica Chastain aussi, mais pas vue pas prise. Xavier Dolan a le privilège de ne pas trop s'éterniser. Quant à Bill Hader il aurait mieux fait de tourner une autre saison de Barry à la place. Le pire c'est que James McAvoy il avait sûrement rien d'autre à tourner à la place... quel gâchis. Et pourtant ils demeurent sympathiques dans l'ensemble, sympathiques comme des avengers quoi.


3) "Ca" fait peur ? ou ennuie-moi si tu peux ?


Si le premier avait ses petits moments d'effrois celui-ci n'en a pas vraiment. De la scène des petites créatures sorties tout droit des animaux fantastiques aux grand-mères se transformant en croquemitaine dégingandé il n'y a pas de créatures qui terrifient sans user de jumpscares répétitifs. 2h50 de non-terreur. On en vient presque à se demander si Stephen King est vraiment le maître de l'horreur. Muschietti s'est peut-être dit que la durée du film finirait par faire céder le spectateur à la peur, King faisant des pavés... des artisans de l'horreur travaillant à l'usure. Non mauvaise stratégie, ajoutons que sa cruauté diffuse et, je pense, un peu gratuite, pourrait presque faire dire que Ca 2 est à l'horreur ce que la pornographie est au sexe : une volonté d'exciter la peur qui n'atteint qu'un orgasme horrifique bien flasque. Pour ce qui est des scènes de terreurs "psychologiques", comme par exemple celle de l'inondation sanglante, ce ne sont que des redites du premier volet qui ne fonctionneront pas faute de personnages ayant donné l'illusion d'émotions tangibles.


Il paraît que "Ca" revient tous les 27 ans. Il faudra au moins ce temps là avant que les gens sur lesquels ce second volet a glissé comme la pluie sur le ciré jaune du p'tit Georges daignent se déplacer à nouveau en salles pour en revoir une troisième adaptation. La gueule de bois sera longue. Mais il paraît qu'un autre clown du cinéma doit faire son numéro dans pas si longtemps que ça...

-Thomas-
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le 11 sept. 2019

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Vagabond

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