Cabaret
7.4
Cabaret

Film de Bob Fosse (1972)

Welcome to the cabaret. Ce film se résume à ce vieux tube nostalgique, et vite oublié. Pour moi, le film ne valait pas mieux que le tube. Vieux sujet, acteurs d’une autre époque, musique de vieux. Ce film, c’est tout cela à la fois. Et il fonctionne, avec ses tics et se gros sabots. Le réalisateur a réussi à ne pas se faire avoir par l’énormité du sujet. On assiste quand même à la montée du nazisme en Allemagne, de la façon la plus originale qui soit. Cette montée est rampante, invisible, insignifiante, comme tous les personnages du film, on prend cela à la rigolade, ils ne sont pas méchants ces jeunes, quelques excités, c’est tout. Et on va au cabaret pour s’amuser. On voit cela à travers la vie de cette meneuse de revue fauchée, jouée par Liza Minelli, aussi inconsciente que les autres, qui ne parle pas un mot d’allemand, mais qui veut réussir artistiquement. Son couple avec ce jeune intello joué par Michael York, tout aussi fauché, ne tiendrait pas la route dans la vraie vie, ils sont trop différents, mais je crois bien que nous sommes là dans un rêve, dans la vie de bohème. Les personnages qui apparaissent entre deux numéros au cabaret, ont des choses à nous dire, beaucoup plus qu’on ne le croit. Marisa Berenson qui joue la naïve fille de bonne famille, est trop naïve pour être vraie. Ce film fonctionne comme un leurre, tout nous montre une société qui a depuis longtemps perdue ce qui lui reste d’innocence, mais qui ne le sait pas, ou joue à ne pas le savoir, comme tous ses bourgeois friqués qui vont s’encanailler ou ça ? Au cabaret bien sûr. Tout est dit sans discours, sans psychologie appuyée, sans porter de jugements moraux, une vraie fable à regarder pour comprendre.


L’évocation du nazisme est d’une discrétion folle, complètement avalée par le burlesque du film. Quand les jeunes se mettent à entamer un chant nationaliste, repris par tout le monde en chœur, tous les autres prennent ça comme un jour normal, dans une ville normal, et des jeunes allemands fiers qui chantent, quoi de plus normal ? Nous, qui savons très bien ce qui va suivre, on reculerait presque de sa chaise ! Et là, le film est bon. Pays normal, vie normale, tours de chants souvent grotesques du cabaret, Minelli avec ses grands yeux de poupée, ravissante comme la fée clochette, chanteuse, danseuse. C’est pro, et brutal, sans fard. On rit souvent. Pas de discours, pas de politique. On pourrait dire que la vie est vue à travers les planches du cabaret, où ces riches allemands viennent pour voir des numéros ridicules, dépenser leur argent, et se faire des filles faciles, ou des artistes, la décadence n’est pas loin. 

Cette petite américaine qui fout le boxon dans cette société policée, le peu de rêve qu’elle donne, ne sauvera personne. Elle n’est pas à sa place, est sera mise en échec. On ne peut réussir au cabaret. Ce n’est qu’un cabaret. Et on voit alors la réalité à travers une glace déformée, que l’horreur est là, on ne l’a pas vu venir, comme les autres. On était trop fasciné par le cabaret. Trop tard ! Magnifique dernier plan.

Angie_Eklespri
9
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le 18 mai 2015

Critique lue 363 fois

Angie_Eklespri

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