Café Society c'est l'histoire d'un gamin sans histoires, qui aimerait en connaître de grandes. Un paumé, pas bien malin, pas bien séduisant non plus, mais qui a la tchatche. Et une passion surtout : le monde du cinéma. Un monde si différent, si opposé de celui qu'il a toujours connu. Avec des stars. Des étoiles filantes. Des astres. Ces petits points lumineux, si lointains, vers lesquels il aimerait tant s'envoler. Alors il part. Il grimpe. Gravit les étages de la fusée, un à un. Et de rencontres en rencontres, de petites histoires en petites histoires, il tombe sur des planètes plus intrigantes. Plus singulières. C'est la secrétaire de son oncle, par exemple. Une beauté sans pareille, une créature virevoltante, et pourtant si simple. Si opposé à ce milieu qui l'intéresse tant. Une cour où tout le monde se montre, tout le monde s'observe, et aussi surtout, où tout le monde poignarde son prochain dans le dos.


Ainsi cette beauté, ce petit éclat d'aurore, il va apprendre à l'apprivoiser. À le convoiter. Au départ, second couteau d'un film lointain, il se transformera de plus en plus en son actrice vedette. En son étoile montante. Alors le petit, encore si fragile, si naïf, s'emporte. S'envole. Mais la belle est mariée. Elle désire un autre homme. Plus grand, moins misérable. Qui ? Il n'en sait rien. Il ne souhaite pas plus le savoir d'ailleurs. Là n'est pas son objectif : il veut la conquérir. À tout prix.


S'engage alors un combat. Une guerre froide, où les deux ennemis ne se rencontrent jamais. Et lorsqu'ils se rencontrent, c'est à peine s'ils se reconnaissent. Les adversaires n'en sont pas vraiment d'ailleurs. Car oui, après tout, comment ce petit gars, ce demi-homme, gentil, mais sans ambition, pourrait convoiter une femme comme elle. Pareil de l'autre front : comment cet homme que j'estime tant, cet homme qui semble tellement éloigné de mes problèmes si insignifiants, pourrait jouer un rôle quelconque dans mon idylle ?


Alors, cet affrontement, cette guerre sourde, mais non moins résonnante en émotions, et bien on va la suivre. Pendant des années, même. De victoires en échecs, notre petit protégé va évoluer, se forger un répertoire, et une carapace. Et que diable les magouilles d'un frère par ci (dont on se carre allègrement), et de heureux événements par là


un mariage et un enfant.


La passion, le péché originel, reviendra, encore et toujours. Et ce jusqu'au dernier regard. Jusqu'à la dernière rencontre.


Jusqu'au dernier baisé.

Gyaran
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le 16 mai 2016

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