Rares sont les films qui offrent une telle proximité. Tout est immersif. Alors que nous, spectateurs, sommes à l'apogée de l'hiver, nous pouvons sentir ce vent d'été italien, respirer l'odeur des fruits du soleil et toucher les eaux tièdes et glacées. L'histoire d'amour entre Elio et Oliver apporte également une chaleur supplémentaire. Les deux se testent et les règles s'inversent, le plus jeune apprend au plus vieux et définit lui-même avec justesse les rouages de ses sentiments.


Je suis heureux que ce film ait autant de succès parce qu'il aborde enfin le sujet de l'homosexualité sans qu'il soit central. Ici, le mot n'est même pas mentionné, on parle de l'amour, simplement de l'amour. Finalement, cette histoire est à la fois banalisée, cassant un peu les représentations et exceptionnelle dans le sens où la rencontre et les stratégies de séductions sont originales. De plus, sa dimension multi-culturelle et multi-ethnique est posée là sans aucuns focus ; on respire enfin au cinéma et ça fait du bien.


Le montage et le filage sont une vraie gourmandise. Pas un moment ne flotte, les couleurs sont vives, emplies d'éclats ; elles sont éblouissantes. Le cadrage donne l'impression d'être avec les deux amoureux, d'être à la fois témoins et acteurs de leur jeu et c'est parfois perturbant.


Cette famille vie paisiblement, sans jugements et avec un niveau d'empathie frisant la perfection.


Le discours de ce père en proie à la détresse de son fils est digne d'être entendu de tous. Sa conclusion résonne en moi comme une évidence : ne nous isolons pas de nos sentiments par peur de souffrir. Ne prenons pas le risque d'accéder à la trentaine et d'aller à l'évidence que nous-nous sommes prémuni de tout, au risque de devenir l'ombre de nous-même. Aimons, souffrons, recommençons dans un cycle éternel, c'est en cela que nous restons vraiment vivants.


En définitive, ce film mérite toute l'attention qu'on lui a porté. Je dirais même que Timothy Chalamet méritait l'oscar du meilleur acteur. C'est incroyable qu'à un si jeune âge, on puisse berner aussi bien les spectateurs en jouant si bien l'amour pour un homme (qui plus est, bien plus vieux) alors que ce dernier est hétérosexuel. On y croit, on y croit tellement que cela devient réel et c'est en cela que sa performance est exceptionnelle.

DavidCaillaud
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le 7 mars 2018

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David Caillaud

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