Des livres poussiéreux, des abricots mûrs et des rayons chauds

L'Italie est si belle en cet été 1983, rien ni la pluie ne semble pouvoir lui enlever de sa superbe. A travers ses pierres recouvertes de verdure, à travers les vergers et entre les livres se construit une amourette puissante. Le cadre est idyllique, il n'y a rien de mieux que cette villa pour porter en elle ces sentiments naissants.
Elio notre héro plongé dans l’adolescence pure, tue le temps en lisant, s’enferme dans les pages et n’en ressort que pour jouer sur le piano, et remplir la pièce des notes de Bach.
Il est d’une sensibilité rare que l’on ressent à travers ses grands yeux clairs bordés de cils fournis, et c’est lorsqu’il s’éprend de l’étudiant venu visiter son père que l’on devine que la chute sera terrible.
Que dire… comment exprimer avec les mots justes ce que je viens de voir ? Ce film est tendre, il est mélodieux, il est apaisant, plaisant, aimant. Rapidement on entre dans cette image, dans ce tableau, cet air si léger, cette atmosphère si tranquille, on entend le bruit des rayons et la lumières des feuilles.
Sufjan Stevens est parfait, il nous absorbe par cette mélodie qui ondule, qui se faufile entre les deux amants, ces corps qui se mélangent, suaves, impatients, imprudents. Il n’y a rien de plus beau et de plus sincère que l’amour que l’on donne sans compter, sans prendre garde a en garder un peu, pour se protéger, pour ne pas manquer.
Elio se livre, il s’ouvre et coule dans les bras de cet Oliver apollon qui, s’il est d’abord sur la réserve, ne tarde plus à déposer les armes et à se jeter à corps perdu dans ces draps froissés, souillés, pleins de braises brûlantes de passion.
Le bombé, l’arrondi, la volupté et la peau douce des pêches et des abricots qui accompagnent le film ajoute un caractère érotique profond, jamais vulgaire, ce film ne va jamais trop loin, les choses sont finalement si simples mais si belles.
Je reste muette devant cet Elio si petit face à cet amour qu’il verse et si grand et digne dans l’acceptation. Une âme si pure, une maturité pourtant déjà bien installée, un sens logique des choses dans une tête de rêveur incontesté.
Je ne recommanderai jamais assez ce film, cette image splendide, cette odeur de nuit d’été si particulière, l’amour de deux hommes, de deux personnalités, deux cœurs qui décident de ne plus penser pendant ces 6 petites semaines.