Voilà le premier chef-d’œuvre de l’année. « Call me by your name ». Un film d’une grâce et d’une beauté incommensurables. Une œuvre d’une douceur et d’une magie qui vous prend au cœur pour ne plus vous lâcher deux heures durant. Rarement la passion n’a été montrée de manière si prégnante au cinéma. Peu importe qu’elle soit entre deux garçons, la manière dont elle est ici évoquée appartient à l’universel. Dès les prémices de leurs rapports, on vibre avec eux, on ressent leurs émotions, on frémit à leurs hésitations comme on est transporté lorsque, enfin, le désir prend corps lors d’ébats amoureux montrés avec pudeur. A la fois chronique estivale, histoire d’amour et récit initiatique et d’apprentissage de la sexualité, ce long-métrage accumule les qualités avec une justesse inouïe qui confine à la perfection. Cette œuvre lumineuse emporte tout sur son passage dans sa langueur éthérée. Et la bande originale qui emballe « Call me by your name » rajoute au côté hypnotique et merveilleux qui résonne et fait frisonner nos âmes de spectateurs.
Le long-métrage de Luca Guadagnino a le bon goût de se dérouler à l’aube des années 80, à une époque où les smartphones n’existaient pas et où l’on s’amusait encore de rien. Où la lecture, les jeux d’enfants et la communion avec la nature étaient la panacée. D’ailleurs, le cinéaste filme l’été comme rarement on l’avait fait. La douceur de la rosée du matin, le bonheur simple de baignades dans la rivière ou de balades en vélo ou encore les repas arrosés qui finissent la nuit tombée sont retranscrits d’une manière si juste qu’on ressent juste l’envie de les vivre avec les personnages. Il plane ici un doux parfum des films français d’antan sans pour autant rendre le film passéiste ou poussiéreux. On a l’agréable sensation de la Madeleine de Proust mais où l’on ressent davantage l’envie de vouloir vivre ceux que vivent les personnages plutôt que de le revivre. La fibre nostalgique fonctionne donc à plein régime et notre esprit s’en retrouve complètement envoûté. « Call me by your name » semble totalement intemporel - le temps semblant s’être arrêté - baigné dans une insouciance et une volupté dont on ressort complètement groogy.
Et puis quelle alchimie entre ces deux interprètes! Timothée Chalamet nous réserve la composition d’acteur la plus impressionnante et juste vue depuis des lustres. S’il ne reçoit pas l’Oscar du meilleur acteur cette année, c’est à n’y rien comprendre. Il est à l’aise dans tous les registres, s’emparant de chaque scène, de la plus banale à la plus difficile, avec une aisance et un naturel qui n’inspire rien d’autre que le respect. Armie Hammer ne démérite pas et à eux deux, ils forment le duo romantique le plus beau vu sur grand écran depuis bien longtemps. De plus, l’art et la culture sont mis à l’honneur avec finesse, loin de rendre le long-métrage pesant ou prétentieux. On y discute en plusieurs langues dans un univers solaire et lumineux, bercé de poésie, qui entête et enivre bien longtemps après la projection. L’émotion n’est jamais forcée et cette histoire sentimentale a le bon goût d’éviter toute mièvrerie pour se focaliser sur l’essentiel, les ressentis les plus élémentaires du cœur et le désir des corps qui se frôlent puis s’étreignent. D’ailleurs une scène d’une intelligence rare entre l’adolescent et un père compréhensif synthétise tout un pan de la notion de passion. Et lorsque le film se termine dans un long plan sur le visage de Chalamet, on nous assène le plus beau coup de grâce qui soit. Son regard exprime tout ce qu’est le deuil d’un amour de manière définitive. On est alors juste le cœur en miettes, triste de quitter ces amants malheureux mais heureux d’avoir vécu avec eux une passion si belle dans un si joli écrin. Cette œuvre inclassable et hors du temps est immanquable!
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