Le premier film que je vois où l'amour entre hommes (dans le sens, individu de sexe masculin) n'est pas un fait social mais une simple histoire d'érotisme (je ne sais pas ce qui s'est fait avant à ce sujet, j'indique simplement cela car les histoires d'homosexualité au cinéma qui me reviennent alors que j'écris ceci sans m'arrêter pour y penser sont Harvey Milk, 120 battements par minutes, La vie d'Adèle,... et ça explique certainement une partie de mon regard sur l'oeuvre).


Je vais me contenter de décrire ce que j'ai ressenti, parce que la majorité de mon rapport à ce film se situe à ce niveau-là: j'ai passé la séance à m'abandonner à la chaleur, la beauté, la douceur de leur été, à leurs discussions et activités érudites, leur élégance intellectuelle et physique, l'usage sage de la musique, qui ont sublimé l'attirance entre Elio et Oliver. De ce cadre, si lascif et généreux, elle semble être le paroxysme. Hétérosexuel certain, j'ai pourtant compris, senti, éprouvé qu'ils étaient beaux et attirants, et ai frissonné lors des scènes où enfin ils se dévoilent l'un à l'autre. J'ai été successivement fasciné, triste, heureux, mélancolique, sans aucune distance avec le récit.


Le pari de représenter ce cadre et ces personnages dorés, hors du commun, est magnifiquement réussi: pour une histoire d'amour, rien de mieux qu'un écrin. Bravo au réalisateur pour ses choix.


Un mot sur Timothée Chalamet: quel plaisir de voir cette classe épurée, viscérale et entière, au service d'un jeu virtuose. J'ai lu quelque part "un James Dean français", je reprends volontiers cette comparaison.

QuentinBonnefoy
8
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le 15 avr. 2018

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