Calmos est un des premiers films de Blier, sorti 2 ans après Les Valseuses. Il est d'ailleurs aux antipodes de celui-ci. Les Valseuses, tout comme beaucoup d'autres films de Blier (Beau-Père, Préparez vos Mouchoirs, ou même La Femme de mon Pote) parle de l'importance de la femme au regard de l'homme, du besoin pulsionnel et sentimental du sexe opposé. Dans Calmos, c'est plutôt un ras-le-bol général : les hommes arrivent à saturation de compagnie féminine, et optent pour un sevrage.


Le film relève alors d'une sorte de primitivisme très particulier, avec des hommes tout ce qu'il y a de plus beauf, très axés sur la bouffe (et notamment la viande - certaines scènes font d'ailleurs vraiment penser à La Grande Bouffe), le pinard et la tranquillité, mais omettant toute notion de sexe, dont les protagonistes sont arrivés à satiété.


Calmos est en quelque sorte l'inverse des Galettes de Pont-Aven, dans lequel Marielle entreprend une quête du cul. La scène d'intro de Calmos, silencieuse, avec une femme s'ouvrant volontiers à Marielle, répond d'ailleurs au début du film de Séria, dans lequel, dans un silence tout aussi marqué, le même Marielle cherche discrètement à accéder à la vision tant recherchée du cul de sa femme.


Le sexe, comme dans tout Blier, reste néanmoins un sujet omniprésent, mais abordé sous un tout autre angle, souvent sur le ton de l'humour. Les dialogues, très crus, contribuent encore une fois à cet aspect humoristique, d'autant plus qu'ils sont formulés par toute une brochette de superbes acteurs (Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort en acteurs principaux, mais aussi Bernard Blier ou Claude Piéplu dans des rôles plus secondaires). Il y a tant de phrases qui méritent vraiment d'être cultes qu'il me serait difficile de les énumérer. Et mieux vaut les découvrir par soi-même.


L'un des principaux aspects de Calmos que j'ai particulièrement adoré, c'est l'opposition qu'il y a entre la rivalité entre les deux sexes et la solidarité qui se dégage d'un groupe uniforme. Indépendamment, tous se comprennent, mais quand les sexes se mélangent, ils deviennent incompatibles.


Le film part vraiment très loin ! Tout s'accélère, et au bout d'une heure trente-cinq, on a totalement quitté le côté très sobre, réaliste de la situation d'origine, pour se retrouver dans une espèce de post-apo où les hommes ne sont plus que des outils, puis pour finir dans les tréfonds de... De... Enfin bon, vous voyez. Ça devient complètement surréaliste, peut-être symboliste, et finalement je ne sais pas, au premier abord, ce qu'a voulu faire Blier avec la fin de ce film. Mais elle a le mérite de vraiment m'avoir fait rire et m'a poussé à réfléchir !


C'est finalement un film très caractéristique de ce que fait Blier, avec des personnages très bruts de pommes, aux réactions inattendues, mais avec toujours une certaine humanité dans leur spontanéité. Blier le qualifie de "film impossible", et il n'en était pas fier. Avec un recul de plus de 40 ans, on se rend enfin compte de son potentiel, et il commence à devenir culte. Il s'agit pour moi de l'un des meilleurs films français anticonformistes des années 70.

Monsieur_Cintre
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le 7 févr. 2019

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Monsieur_Cintre

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