Le sujet a le mérite d’être intéressant : investir le milieu des cam girls, ces filles dont le travail est d’exciter les hommes virtuellement à travers leurs webcams. Production Jason Blum oblige, ce premier film prend vite les voies du thriller mâtiné de fantastique quand un double de l’héroïne apparaît. Le résultat est assez déstabilisant, difficile de dire si l’on a aimé ce petit film original à la possible signification métaphorique ou si ce n’est qu’une série B fauchée aux couleurs criardes qui ne sait pas trop où elle va. D’ailleurs, la première demi-heure, amorcée par une première séquence qui met directement dans le bain, est répulsive au possible avec ces bruits d’ordinateur intempestifs, ce décor rose fushia et le show étiré en longueur d’Alice/Lola. C’est même malaisant de voir les extrémités, proches du snuff-movie, vers lesquelles peut tirer cette pratique. On a beau nous prétexter vouloir montrer le travail de ces filles, semble-t-il de manière réaliste (la co-réalisatrice est une ancienne cam girl), un film n’est pas une séance de branlette via webcam. Bref, c’est plutôt déplaisant et on craint le pire pour la suite.
Puis, grâce au jeu intense et irréprochable de Madeline Brewer (assez rare dans ce genre de production de seconde zone) et à un rebondissement intrigant, notre attention s’en trouve ressuscitée. En dépit d’une mise en scène et d’un aspect général cheap (le budget est serré et on le ressent) et d’un scénario inabouti, « Cam » parvient à titiller notre curiosité et le final est plutôt intéressant au niveau de la mise en scène. Mais ce qui attire le plus, c’est davantage la possible signification psychologique (et à portée métaphorique) de ce long-métrage qui convoque le problème du dédoublement de personnalité que l’on peut développer à cause des réseaux sociaux. Entre celui ou celle que l’on est vraiment et celui ou celle qu’on laisse paraître sur le Net, quitte à ne plus dissocier les deux. Mais ce n’est pas assez clair et développé (alors que le sujet est passionnant et riche) pour s’en satisfaire pleinement. Et quand le générique arrive, c’est plus un sentiment de frustration qu’autre chose qui nous envahit car le sujet aurait pu être traité de manière bien plus pertinente. Mais il y a de l’idée et une atmosphère minimaliste et poisseuse (voire repoussante au début) qui interpellent malgré une absence totale de frissons.
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