Camille redouble par Hugo Harnois
Le cinéma a le pouvoir de faire beaucoup de choses. Revenir dans le passé, vivre la rencontre avec son grand amour une nouvelle fois, ou revoir ses parents qui n'ont pas encore disparu. Camille a une quarantaine d'année et son mari vient de la quitter. Après avoir trop bu le soir de la nouvelle année, elle se réveille vingt cinq ans auparavant, en plein dans son adolescence.
C'est une première, la réalisatrice Noémie Lvovsky (Les Sentiments) prend la double casquette en interprétant le rôle principal de son film. Alors, bonne idée ou geste égocentrique ?
Il y a quelques mois sortait Quand je serais petit, film de J-P Rouve qui reprenait plus ou moins le même thème sous la forme du conte : celui de ressusciter une enfance perdue. Lvovsky préfère la carte du réalisme en se replongeant directement dans ses années lycée. On ne peut pas échapper à Blondie, aux couleurs flashy et à ces magnétophones oubliés. L'identification pour le public concerné est donc obligatoire et apporte au film un air de nostalgie qui fait du bien.
Le fait de ne pas ajouter de maquillage pour rendre Camille plus jeune est une idée brillante. C'est dans ses gestes et sa façon de jouer que la magie prend forme. Grâce à ce rôle, Noémie Lvovsky prouve que c'est une grande actrice qui arrive à faire oublier aux spectateurs son âge véritable sans l'artifice des effets spéciaux.
On préfèrera à ses relations sentimentales (bien traitées toutefois) les liens qu'elle entretient avec ses parents retrouvés (joués par les formidables Moreau et Vuillermoz), par ses côtés tendres, émouvants et pleins de maladresse.
Lvovsky vient d'accoucher d'un fantasme sur pellicule car le cinéma a cette capacité de jouer avec le temps. C'est drôle, poétique et personnel. Camille redouble est plus qu'une bonne idée, c'est une belle réussite.